VOCATION DE SAINT MATTHIEU
MATTHIEU 9 :9-13
MARC 2 :13-17
LUC 5 :27-32
FRENCH AND ENGLISH TEXTS
http://www.biblegateway.com/passage/?search=Matt%209:9-13&version=LSG
Matthieu 9:9-13 (Louis Segond)
9De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, et qui s'appelait Matthieu. Il lui dit: Suis-moi. Cet homme se leva, et le suivit.
10Comme Jésus était à table dans la maison, voici, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples.
11Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples: Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie?
12Ce que Jésus ayant entendu, il dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.
13Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.
http://www.biblegateway.com/passage/?search=Matt%209:9-13&version=LSG
Marc 2:13-17 (Louis Segond)
13Jésus sortit de nouveau du côté de la mer. Toute la foule venait à lui, et il les enseignait.
14En passant, il vit Lévi, fils d'Alphée, assis au bureau des péages. Il lui dit: Suis-moi. Lévi se leva, et le suivit.
15Comme Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec lui et avec ses disciples; car ils étaient nombreux, et l'avaient suivi.
16Les scribes et les pharisiens, le voyant manger avec les publicains et les gens de mauvaise vie, dirent à ses disciples: Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie?
17Ce que Jésus ayant entendu, il leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.
http://www.biblegateway.com/passage/?search=Luc%205:27-32&version=LSG
Luc 5:27-32 (Louis Segond)
27Après cela, Jésus sortit, et il vit un publicain, nommé Lévi, assis au lieu des péages. Il lui dit: Suis-moi.
28Et, laissant tout, il se leva, et le suivit.
29Lévi lui donna un grand festin dans sa maison, et beaucoup de publicains et d'autres personnes étaient à table avec eux.
30Les pharisiens et les scribes murmurèrent, et dirent à ses disciples: Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les gens de mauvaise vie?
31Jésus, prenant la parole, leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.
32Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs.
http://www.biblegateway.com/passage/?search=Matt%209:9-13&version=NKJV
Matthew 9:9-13 (New King James Version)
Matthew the Tax Collector
9 As Jesus passed on from there, He saw a man named Matthew sitting at the tax office. And He said to him, “Follow Me.” So he arose and followed Him. 10 Now it happened, as Jesus sat at the table in the house, that behold, many tax collectors and sinners came and sat down with Him and His disciples. 11 And when the Pharisees saw it, they said to His disciples, “Why does your Teacher eat with tax collectors and sinners?” 12 When Jesus heard that, He said to them, “Those who are well have no need of a physician, but those who are sick. 13 But go and learn what this means: ‘I desire mercy and not sacrifice.’[a] For I did not come to call the righteous, but sinners, to repentance.”[b]
http://www.biblegateway.com/passage/?search=Marc%202:13-17&version=NKJV
Mark 2:13-17 (New King James Version)
Matthew the Tax Collector
13 Then He went out again by the sea; and all the multitude came to Him, and He taught them. 14 As He passed by, He saw Levi the son of Alphaeus sitting at the tax office. And He said to him, “Follow Me.” So he arose and followed Him. 15 Now it happened, as He was dining in Levi’s house, that many tax collectors and sinners also sat together with Jesus and His disciples; for there were many, and they followed Him. 16 And when the scribes and[a] Pharisees saw Him eating with the tax collectors and sinners, they said to His disciples, “How is it that He eats and drinks with tax collectors and sinners?” 17 When Jesus heard it, He said to them, “Those who are well have no need of a physician, but those who are sick. I did not come to call the righteous, but sinners, to repentance.”[b]
http://www.biblegateway.com/passage/?search=Luc%205:27-32&version=NKJV
Luke 5:27-32 (New King James Version)
Matthew the Tax Collector
27 After these things He went out and saw a tax collector named Levi, sitting at the tax office. And He said to him, “Follow Me.” 28 So he left all, rose up, and followed Him. 29 Then Levi gave Him a great feast in his own house. And there were a great number of tax collectors and others who sat down with them. 30 And their scribes and the Pharisees[a] complained against His disciples, saying, “Why do You eat and drink with tax collectors and sinners?” 31 Jesus answered and said to them, “Those who are well have no need of a physician, but those who are sick. 32 I have not come to call the righteous, but sinners, to repentance.”
COMMENTAIRE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME
http://jesusmarie.free.fr/jean_chrysostome_commentaire_evangile_saint_matthieu_2.html
HOMELIE XXX " ET JÉSUS SORTANT DE LÀ, VIT EN PASSANT UN HOMME QUI ETAIT ASSIS AU BUREAU DES IMPOTS, NOMME MATTHIEU, AUQUEL IL DIT : SUIVEZ-MOI, ET LUI SE LEVANT, LE SUIVIT. " (CHAP. IX, 9, JUSQU’AU VERSET 19.)
ANALYSE
1.Vocation de saint Matthieu; éloge de sa vertu.
2. Contre ceux qui recherchent l’estime des hommes en jeûnant.
3. Les disciples de Jean jaloux de Jésus-Christ.
4. Qu’il ne faut prescrire les choses difficiles qu’à ceux qui en sont capables.
5. et 6. Exhortation. Cette règle s’applique à tout. Par exemple qu’un mari veuille corriger sa femme de son goût pour la vanité, il devra procéder doucement et avancer par degrés.
1. Jésus-Christ ayant fait ce miracle, sort de ce lieu aussitôt, de peur que sa présence n’irritât encore davantage l’envie. Il se retire donc pour adoucir l’aigreur de ses ennemis, et il nous montre en cela l’exemple que nous devons imiter. Il nous apprend à ne point irriter encore davantage nos envieux en les bravant mais à tâcher de guérir leurs plaies, et de le apaiser par notre douceur.
Mais d’où vient que Jésus-Christ n’a point appelé l’apôtre dont nous venons de lire la vocation, avec saint. Pierre, saint Jean et le autres? Il avait choisi pour appeler ceux-ci le temps où il savait que ces hommes répondraient à leur vocation. De même il appela saint Matthieu lorsqu’il eut la certitude que ce publicain se rendrait à sa parole. C’est ainsi encore qu’il pêcha saint Paul, après sa résurrection. Car celui qui sonde les cœurs et qui voit à nu les pensées des hommes, n’ignorait pas le moment le plus propre pour se faire suivre de chacun de ses apôtres. Il n’appela point d’abord saint Matthieu, parce que son coeur était encore trop endurci ; mais après tant de miracles, et cette grande réputation qu’il s’était acquise, il l’appela enfin, parce qu’il savait qu’il ne lui résisterait pas.
Mais nous devons admirer ici la grande humilité de cet évangéliste, qui ne dissimule point sa vie passée, et qui marque expressément son nom de " Matthieu," lorsque tous les autres le cachent et l’appellent Lévi.
Pourquoi marque-t-il qu’il était " assis au bureau des impôts? " C’est pour faire voir la force toute-puissante de Celui qui l’appela, et qui le choisit pour son disciple, avant qu’il eût renoncé à une profession si déshonorante, avant qu’il eût cessé ses coupables exactions (243) et lorsqu’il y était actuellement occupé. C’est ainsi qu’il appela ensuite le bienheureux apôtre saint Paul, lorsqu’il était plein de rage et de furie contre les disciples. Ce saint apôtre exprime lui-même quelle était la toute-puissance de Celui qui l’appelait, lorsqu’il dit aux Galates : " Vous savez, mes frères, de quelle manière j’ai vécu autrefois dans le judaïsme, avec quelle fureur je persécutais l’Eglise de Dieu." (Gal. I, 13.)
Il appela encore les pêcheurs, lorsqu’ils étaient à leurs filets. Mais cette occupation, qui était celle de bons paysans, d’hommes rustiques et simples, n’avait cependant rien d’infamant: au lieu que le métier de publicain était rempli d’injustice, de cruauté et d’infamie, et passait pour un trafic honteux, pour un gain illicite, et pour un vol qui s’exerçait sous le couvert des lois. Cependant Jésus-Christ ne rougit point d’avoir pour disciples des hommes de cette sorte.
Mais devons-nous nous étonner que le Sauveur n’ait point rougi d’appeler un publicain, lui qui n’a pas rougi d’appeler à lui une femme impudique, qui lui a permis de baiser ses pieds, et de les arroser de ses larmes? C’est pour cela qu’il était venu. Ce n’est pas tant le corps qu’il a voulu affranchir de ses maladies que l’âme qu’il a désiré guérir de sa malice. Il le fit bien voir à propos du paralytique. Avant d’appeler à lui un publicain, et de l’admettre au nombre de ses disciples, ce qui aurait pu scandaliser, il prit la précaution de faire voir qu’il lui appartenait de remettre les péchés.
Car qui peut trouver étrange que Celui qui est assez puissant., pour guérir les péchés des hommes, appelle un pécheur et en fasse un apôtre?
Mais après avoir vu la puissance du Maître qui appelle, admirez la soumission du disciple qui obéit. Il ne résiste point; il ne témoigne point de défiance en disant en lui-même : Que veut dire cet homme? N’est-il pas visible qu’il me trompe en m’appelant à lui, moi qui suis un publicain et un pécheur? Il ne s’arrête point à des pensées que lui auraient pu inspirer une humilité fausse et indiscrète; mais il suit Jésus-Christ avec tant de promptitude, qu’il ne prend pas même le temps d’en aller demander avis à ses proches.
Le publicain obéit avec la même docilité que les pêcheurs. Ils avaient à l’instant quitté leurs filets, leur barque et leur père, celui-ci renonce de même à cette banque et au gain qu’il en retirait. Il témoigne combien il était disposé et préparé à tout. Il rompt tout d’un coup tous les liens et tous les engagements du siècle; et cette prompte obéissance rend témoignage à la sagesse et à la grâce pleine d’à-propos de Celui qui l’appelait.
Mais pourquoi , me direz-vous , Dieu a-t-il voulu faire marquer dans l’Evangile la manière dont quelques apôtres, comme Pierre, Jacques, Jean et Philippe ont été appelés et qu’il n’a rien fait dire touchant la vocation des autres? — Il a fait une mention expresse et particulière de ceux-ci, parce qu’ils étaient dans les occupations ou les plus viles, ou les plus opposées à la vocation de Jésus-Christ. Rien en effet de pire que la profession de publicain, ni de plus bas que celle de pêcheur. On peut juger aussi que Philippe était fort pauvre par le pays d’où il sortait. En parlant plus spécialement de ces apôtres et de leurs occupations qui sont si humbles, les évangélistes montrent combien on doit ajouter foi à leurs récits lorsqu’ils contiennent des choses merveilleuses. En effet, puisqu’ils craignent si peu de raconter des choses qui semblent faites pour rabaisser dans l’opinion des hommes soit les disciples; soit le Maître lui-même, qu’ils paraissent s’y attacher de préférence et les mettre en relief avec un soin particulier; comment pourrait-on raisonnablement suspecter leur véracité lorsqu’ils rapportent des actions éclatantes et sublimes? et cela surtout lorsque l’on voit qu’ils ne touchent que comme en passant une multitude infinie des miracles de Jésus-Christ, et qu’ils publient au contraire très-haut et très en détail les apparentes ignominies de la croix; qu’ils parlent sans rien déguiser de la profession des disciples quoique si humble et si vile aux yeux du monde; et qu’en retraçant la généalogie de leur Maître, ils nomment à haute voix ses ancêtres les plus décriés par leurs péchés comme les moins élevés par leur condition. Tout cela nous fait assez voir quel zèle ils avaient de dire la vérité eu toutes choses et qu’ils n’écrivaient rien ni par vanité ni par flatterie.
2. " Et Jésus étant assis à table dans la maison de cet homme, il y vint aussi beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie qui étaient assis avec Jésus et ses disciples (10). " Jésus-Christ ayant appelé saint Matthieu, l’honora aussitôt d’une visite, et il ne (244) dédaigna pas de manger à sa table. Il voulait par cette conduite si obligeante lui faire concevoir de grandes espérances pour l’avenir lui donner plus de confiance. Car Jésus n’attendit pas longtemps pour refermer les plaies de l’âme de son nouveau disciple, il le guérit en un moment de tous ses péchés.
Il veut bien même manger non avec lui seul, mais avec beaucoup d’autres de la même profession , quoique ce fût un crime aux yeux des Juifs que cette condescendance qu’il montrait pour les pécheurs en les laissant approcher de sa personne. Les évangélistes n’oublient pas encore de marquer cette circonstance et de rapporter combien ces envieux condamnèrent cette action. Il était tout simple que les publicains vinssent s’asseoir à la table d’un homme de la même profession qu’eux. Saint Matthieu, ravi de joie de l’honneur que lui faisait Jésus-Christ, convia tous ses amis. La bonté du Sauveur tentait toutes sortes de voies pour sauver les hommes: les uns en leur parlant, les autres en guérissant leurs maladies, les autres en les reprenant, et les autres en mangeant avec eux. Il voulait nous apprendre qu’il n’y avait point ou de temps, ou de condition où nous ne puissions nous convertir.
Quoique tout ce qu’on lui servait à table vînt de rapine, d’injustice et d’avarice, il rie refusa pas néanmoins d’en manger, parce qu’il voyait l’avantage qu’il en devait retirer, et il ne craint pas de se trouver avec de si grands pécheurs dans la même maison et à la même table. C’est ainsi qu’un médecin se doit conduire. S’il ne souffre la pourriture et la puanteur de ses malades, il ne les délivrera point de leurs maux. Ainsi Jésus-Christ n’appréhende point le mal qu’on peut dire ou penser de lui, de ce qu’il mange avec un publicain dans la maison d’un publicain, et avec d’autres publicains. Vous savez aussi combien les Juifs lui en ont fait de reproches: "Voilà, "disent-ils, " un homme de bonne chère et qui aime à boire : c’est un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. " (Matt. XI,13.)
Que ces hypocrites qui désirent tant de se faire estimer par leurs jeûnes écoutent ces paroles. Qu’ils considèrent que Jésus-Christ n’a pas rougi de passer pour un homme qui aimait le vin et la bonne chère, et qu’il a méprisé tous ces propos pour arriver à la fin qu’il se proposait, la conversion des âmes. Et nous voyons comment il convertit en effet saint Matthieu, et comment d’un pécheur il fit un apôtre.
Pour mieux juger de l’avantage que saint Matthieu reçut de cette condescendance du Fils de Dieu, il ne faut que considérer ce que dit Zachée, un autre publicain. Aussitôt que Jésus-Christ lui dit: " Zachée, il faut que je loge chez vous (Luc, XIX, 5)," il fut transporté de joie; et, dans cette ferveur, il dit à Jésus-Christ : "Je suis résolu, Seigneur, de donner moitié de mon bien aux pauvres; et si j’ai trompé quelqu’un je lui rendrai quatre fois autant, " ce qui porta Jésus-Christ à lui répondre : " Aujourd’hui le salut a été donné à cette maison. " Tant ce que nous venons de dire est véritable, qu’il n’y a point d’état où l’on, ne puisse se convertir! Mais pourquoi donc, me direz-vous, saint Paul ordonne-t-il " de n’avoir point de commerce et de ne point manger avec celui de nos frères qui est fornicateur; ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur du bien d’autrui ? " (I Cor, V,11.) D’abord on ne voit pas très-bien si c’est aux pasteurs qu’il parle en cet endroit, ou seulement aux fidèles.
Ensuite ces publicains n’étaient pas encore du nombre des vrais fidèles, ils n’étaient pas encore frères. De plus saint Paul ne commande d’éviter nos frères que lorsqu’ils demeurent toujours dans le mal. Ces publicains au contraire étaient déjà convertis dans le coeur et avaient renoncé à leur vie passée. Mais comme rien ne pouvait ni servir aux pharisiens, ni les toucher, ils s’adressent ici aux disciples de Jésus-Christ et leur disent : ". Pourquoi notre Maître mange-t-il avec des publicains et des gens de mauvaise vie (11)? " On voit ailleurs que lorsqu’ils croyaient avoir surpris les apôtres en quelque faute, ils viennent dire à Jésus-Christ: " Pourquoi vos disciples font-ils ce qu’il ne leur est pas permis de faire le jour du sabbat? " au contraire ils blâment le Maître devant ses disciples. Ils montrent partout leur malice et ils s’efforcent de séparer les disciples d’avec leur Maître. Mais que leur répond cette sagesse infinie? " Jésus les ayant entendus, leur dit : Ce ne sont pas les sains, mais les malades qui ont besoin de médecin (12). " Qui n’admirera comment il retourne leurs paroles, et s’en sert contre eux-mêmes? Ils lui font un crime d’aller avec cette sorte de gens, (245) et il leur montre au contraire qu’il serait indigne de lui et de sa parfaite charité, d’avoir de la répugnance à converser avec les pécheurs et qu’essayer de les convertir est une chose non-seulement irrépréhensible, mais de première importance, nécessaire et digne de toutes les louanges.
Ensuite, pour que cette parole: " ceux qui " sont malades, " par laquelle il désignait ceux qui étaient assis à table avec lui, ne leur causât trop de honte, il la corrige et l’adoucit en y joignant une réprimande à l’adresse de ses censeurs : " C’est pourquoi, " dit-il, " allez et apprenez ce que veut dire cette parole : " J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice. " (Osée, 6.) Il leur cite ce passage du Prophète, pour leur faire voir dans quelle ignorance ils étaient des paroles de l’Ecriture. Il anime même ici son discours un peu plus qu’à l’ordinaire, non par émotion ou par colère, Dieu nous garde de cette pensée! mais pour tâcher de les émouvoir et de les instruire. Quoiqu’il eût pu leur dire: N’avez-vous pas vu de quelle manière j’ai guéri le paralytique, et comment j’ai affermi tout son corps? il ne leur dit rien de semblable. Il leur répond d’abord par un raisonnement tout ordinaire et il s’appuie ensuite sur l’autorité de l’Ecriture. Après avoir dit que le médecin n’était pas pour les sains, mais pour ceux qui se portaient mal, et insinué, par ces paroles, qu’il était l’unique et le véritable Médecin, il ajoute ensuite : " C’est pourquoi allez et apprenez ce que veut dire cette parole : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice.
Saint Paul agit de même : car après avoir débuté en disant : " Qui est celui qui paît un troupeau, et qui ne mange point du lait du troupeau? (I Cor. IX, 7), " il rapporte ensuite le témoignage de l’Ecriture et dit : Il est écrit dans la loi de Moïse: Vous ne tiendrez point la bouche liée au boeuf qui foule le grain " (Ibid. 9.) Et un peu après: " Le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de 1’Evangile. " (Ibid. 14.)
3. Jésus-Christ traitait ses disciples d’une autre manière, et il leur rappelait à la mémoire les miracles qu’ils lui avaient vu faire, en leur disant: " Avez-vous oublié qu’avec cinq pains j’ai nourri cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous remplîtes de ce qui restait?" (Marc, 8.) Mais il n’agit pas ici avec les Juifs de la même manière. Il se contente de les faire souvenir de la faiblesse commune ,de tous les hommes, et de leur faire comprendre qu’étant hommes eux-mêmes, ils sont aussi du nombre des faibles, puisqu’ils n’avaient aucune connaissance des Ecritures, ni aucun amour pour la vertu; mais qu’ils réduisaient toute la piété à leurs oblations et leurs sacrifices. C’est cet abus que Jésus-Christ condamne hautement, en rapportant en peu de paroles ce que tous les Prophètes ont dit: " Apprenez ce que veut dire cette parole : " j’aime mieux la miséricorde que le sacrifice. " Il leur fait voir que ce sont eux qui violent la loi, et non pas lui. Il semble qu’il leur dise : pourquoi m’accusez-vous de ce que je fais rentrer les pécheurs dans la justice? Si je suis coupable en cela, vous devez donc accuser aussi mon Père. Il se sert ici du même raisonnement dont il se servit ailleurs, lorsqu’il disait : " Mon Père, depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui, ne cesse point d’agir; et moi j’agis aussi avec lui. " (Jean, V, 47.) Il fait ici la même chose, en disant : "Allez et apprenez ce que veut dire cette parole : j’aime mieux la miséricorde que le sacrifice." Comme mon Père aime mieux l’un que l’autre, je l’aime mieux aussi moi-même.
Il déclare donc que leur sacrifice était superflu, et que la miséricorde est entièrement nécessaire. Car il ne dit pas : je veux la miséricorde et le sacrifice; mais " je veux la miséricorde et non pas le sacrifice. " Il approuve l’un et rejette l’autre. Il montre que ce qu’ils blâmaient, non seulement était permis, mais même commandé, et bien plus formellement que le sacrifice; ce qu’il confirme par un passage bien clair de l’Ancien Testament. Après donc les avoir convaincus et par des raisons communes, et par l’autorité de l’Ecriture, il ajoute : " Car je ne suis pas venu appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs (13)." Lorsqu’il les appelle " justes " c’est par ironie, et comme il dit autrefois d’Adam : " Voilà qu’Adam est devenu comme l’un de nous." .(Gen. III, 22.) Et ailleurs: " Si j’ai faim je ne vous le dirai pas. " (Ps. XLIX, 13) Saint Paul dit clairement que Dieu n’a trouvé personne qui fût juste sur la terre: " Tous ont péché, " dit-il, " et ont besoin de la gloire de Dieu. " (Rom. III, 23.) Jésus-Christ parlait donc de la sorte pour la consolation de ceux qui étaient à ce festin avec lui. (246)
Je suis si éloigné, dit-il, d’avoir de l’aversion pour les pécheurs, que c’est pour eux seuls que je suis venu. Mais afin de ne les point rendre lâches et paresseux par des paroles pleines d’une si grande confiance, après avoir dit: " qu’il était venu appeler les pécheurs, " il ajoute aussitôt, " à la pénitence. " Car je ne suis pas venu, dit-il, afin que les pécheurs demeurent dans leurs péchés; mais afin qu’ils en sortent et deviennent justes.
Enfin les Juifs confondus de toutes manières et ne pouvant répondre ni aux raisons de Jésus-Christ, ni aux passages de l’Ecriture, voyant qu’ils n’avaient plus rien à dire, qu’ils étaient coupables eux seuls des péchés dont ils accusaient Jésus-Christ, qu’ils étaient opposés à la loi même ancienne, les Juifs quittent la personne de Jésus-Christ et tournent leurs accusations contre ses disciples. Saint Luc attribue les paroles qui suivent aux pharisiens, et saint Matthieu aux disciples de saint Jean. Mais il est vraisemblable qu’ils s’étaient joints ensemble, parce que les pharisiens se voyant trop faibles, eurent recours aux disciples de saint Jean, comme ils eurent recours ensuite aux Hérodiens. Car les disciples de saint Jean avaient une jalousie continuelle contre Jésus-Christ. Ils témoignaient partout combien ils lui étaient opposés, et ils ne purent être humiliés que lorsque leur maître fut en prison. Ils parurent un peu plus doux alors, et ils vinrent trouver Jésus-Christ pour lui en donner avis, Mais on voit que dans la suite ils retournèrent à leur première jalousie. Que disent-ils donc ici à Jésus-Christ?
" Pourquoi les pharisiens et nous jeûnons-nous souvent, et que vos disciples ne jeûnent point (14)?" C’était là proprement la maladie mortelle que Jésus-Christ tâchait de guérir lorsqu’il disait: "Quand vous jeûnerez, parfumez-vous la tête, et lavez-vous le visage (Matth. V,20), " prévoyant combien de maux devaient naître de cette source. Cependant Jésus-Christ ne leur fait point de reproche. Il ne les appelle point vains et frivoles; mais demeurant dans sa douceur ordinaire, il leur répond paisiblement: " Ceux qui accompagnent l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux (15) ? " Quand Jésus-Christ parlait pour des personnes qui ne lui appartenaient pas, comme pour les publicains , il ne craignait pas, pour mieux consoler et adoucir leur âme blessée, de s’élever avec vigueur contre ceux qui les outrageaient; mais quand c’est à lui ou à ses disciples que les Juifs s’en prennent, il leur répond avec la plus grande douceur du monde. Le reproche qu’ils faisaient à Jésus-Christ revient à ceci : Soit, vous êtes médecin, et en cette qualité vous êtes obligé d’user de cette condescendance envers vos malades; mais quel prétexte peuvent avoir vos disciples de mépriser le jeûne pour se trouver à ces festins? Et pour donner encore plus de poids à leur accusation, ils se nomment les premiers et les pharisiens ensuite, afin que ces comparaisons rendissent la conduite des apôtres encore plus odieuse. " Nous autres, "disent-ils, " et les pharisiens jeûnons beaucoup. " Ils jeûnaient tous, en effet, les uns, parce qu’ils l’avaient appris de saint Jean, et les autres de la loi. C’est ce qu’on voit par ce pharisien qui disait: " Je jeûne deux fois la semaine. " (Luc, XV, 12.)
Que répond donc Jésus à cette accusation? Ceux qui accompagnent l’époux peuvent-ils "jeûner pendant que l’époux est avec eux? " Il vient de faire voir qu’il était le médecin des âmes, et il montre maintenant qu’il en est l’époux, découvrant des mystères ineffables dans ces différents noms qu’il se donne. Il pouvait répondre à ces calomniateurs d’une manière qui les confondît davantage. Il pouvait leur dire : Vous n’avez pas autorité pour établir par vous-même cette loi de jeûne et l’imposer aux hommes. Quelle utilité prétendez-vous tirer de vos jeûnes, lorsque votre âme est remplie de corruption et de malice? lorsque vous accusez les autres, lorsque vous les condamnez pour une paille que vous voyez dans leur oeil, sans vous apercevoir qu’il y a des poutres dans le vôtre, enfin lorsque vous faites tout par ostentation et par vanité? Il faudrait commencer par renoncer à ce vain désir de gloire, travailler à acquérir les véritables vertus, et à vous établir dans la charité, dans la douceur et dans l’amour de vos frères. Il ne leur dit rien de semblable. Il leur répond seulement avec une humble modestie:
" Ceux qui accompagnent l’époux ne peuvent pas jeûner pendant que l’époux est avec eux, " les faisant souvenir de ces paroles de saint Jean: " L’époux est celui à qui est l’épouse; mais l’ami de l’époux qui se tient debout et l’écoute, est ravi de joie parce qu’il entend la voix de l’époux. " (Jean, III, 29.) Comme s’il leur disait : Ce temps est pour (247) mes disciples un temps de joie, durant lequel il ne leur faut parler de rien qui soit triste; non que le jeûne le soit de soi-même, mais il l’est pour ceux qui sont encore faibles. Car lorsqu’un homme veut résolument s’avancer dans la vertu, le jeûne lui est doux et agréable, bien loin d’avoir quelque chose de pénible. Comme le corps est dans la joie, lorsqu’il est parfaitement sain; l’âme de même en ressent beaucoup plus, lorsqu’elle est saine et pure au dedans. Mais. Jésus-Christ parle ici selon la pensée des Juifs. C’est ainsi qu’Isaïe parlant du jeûne l’appelle aussi "l’abaissement et l’humiliation de l’esprit. " (Isaïe, XXXV.) Et Moïse en parle de la même manière.
4. Non content de les avoir réfutés par ce qu’il vient de dire, Jésus-Christ ajoute encore: " Mais il viendra un temps que l’époux leur "sera ôté, et alors ils jeûneront (15). " Il leur fait voir par ces paroles que ce n’était point par intempérance que ses disciples ne jeûnaient point, mais par un ordre admirable de sa sagesse. Il mêle aussi en répondant aux Juifs quelques paroles qui font allusion à sa passion et à sa croix, afin que ses disciples s’accoutument insensiblement à entendre ces choses fâcheuses du moins en apparence, et qu’ils se préparent aux. afflictions. Ils étaient encore trop faibles pour porter les discours clairs que Jésus-Christ leur aurait directement adressés sur ce sujet, puisqu’on voit dans la suite qu’ils en furent troublés quand ils les entendirent; mais dites à d’autres en leur présence, ces choses leur causaient une moins pénible impression. Ensuite comme vraisemblablement les disciples de Jean tiraient vanité de la passion de leur maître, Jésus-Christ rabat leur orgueil en laissant entrevoir sa propre passion dans l’avenir. Il n’avance encore rien touchant sa résurrection; il n’était pas encore temps. C’était une chose naturelle que celui qu’ils regardaient comme un pur homme, mourût, mais il était au-dessus de la nature qu’étant mort il ressuscitât.
Après s’être justifié de la sorte contre l’accusation des Juifs, il fait encore ici ce qu’il vient de faire auparavant. Car comme lorsque ses envieux tâchaient de le couvrir de confusion parce qu’il mangeait avec des pécheurs, il leur fit voir que bien loin d’être coupable, cette conduite était au contraire sage et méritoire; de même ici, lorsqu’ils veulent le convaincre de ne pas savoir diriger ses disciples, il leur prouve au contraire qu’ils n’entendaient rien eux-mêmes à gouverner les autres, et que ce n’était que la passion qu’ils avaient de l’accuser qui les faisait parler de la sorte.
" Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, parce que le neuf emporte encore une partie du vieux, et qu’ainsi " la rupture en devient plus grande (16). " Il leur rapporte encore une comparaison familière pour leur prouver mieux ce qu’il leur dit. Voici le sens de ces paroles: Mes disciples ne sont pas encore très-forts. Ils ont besoin qu’on ait pour eux beaucoup de condescendance. Le Saint-Esprit ne les a pas encore renouvelés. Il ne faut pas. accabler leur faiblesse par trop de préceptes. Jésus-Christ traçait ici une règle importante à ses apôtres, afin que lorsqu’ils auraient eux-mêmes ensuite des disciples qui viendraient à eux de tous les endroits de la terre, ils les traitassent avec une douceur et une patience qui eût du rapport avec celle que Jésus-Christ leur témoignait à eux-mêmes. "Et l’on ne met point non plus de vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; parce que si on le fait, les vaisseaux se rompent, le vin se répand, et les vaisseaux sont perdus; mais on met le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et ainsi le vin et les vaisseaux se conservent (17). " Jésus-Christ se sert ici d’exemples semblables à ceux dont se sont servis les prophètes. Car Jérémie. compare le peuple à une ceinture comme Jésus-Christ compare ici ses disciples à un vêtement; et ce même prophète parle de vin et de vaisseaux comme Jésus-Christ fait ici. (Jérém. XIII.) Il choisit à dessein ces comparaisons parce qu’il s’agissait d’intempérance et d’excès de bouche. Saint Luc dit quelque chose de plus, savoir, que " le neuf déchire le vieux " auquel on le coud. " (Luc, V.) Vous voyez donc que bien loin d’en recevoir quelque utilité on n’en retira qu’un plus grand mal. Ainsi par une même parole il leur apprend leur état présent et leur prédit leur état futur; c’est-à-dire qu’ils seraient entièrement renouvelés. Mais avant ce temps il ne leur veut rien commander de trop fort et de trop austère.
Celui qui veut imposer aux hommes des lois pénibles, avant qu’ils soient capables de les porter, ne les trouvera plus disposés à les recevoir lorsque le temps sera venu, parce, qu’il les en aura rendus incapables par sa précipitation. Ce malheur ne vient plus ni des vaisseaux, ni (248) du vin, mais de l’imprudence et de l’indiscrétion de ceux qui le versent.
Jésus-Christ nous apprend ici la raison pour laquelle il s’abaisse si souvent dans ses discours; c’est que son langage s’accommodait à la faiblesse de ceux qui l’écoutaient, plus qu’il n’était en rapport avec sa propre grandeur. Il s’en explique lui-même très-clairement lorsqu’il dit à ses apôtres : " J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne les pouvez porter maintenant. " Il ne veut pas qu’ils croient qu’il n’avait plus rien à leur dire, mais que ce n’était que leur faiblesse qui l’empêchait de leur déclarer des vérités plus importantes, qu’il promet de leur découvrir, lorsqu’ils seraient devenus plus forts. Il fait la même chose ici : " Le temps viendra, dit-il, que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront. "(Jean, XVI,12.)
Imitons cette conduite, mes frères. N’exigeons pas tout, dès le principe, de toutes sortes de personnes. Contentons-nous dans les commencements de ce que chacun peut faire, et notre modération les rendra capables de tout. Si vous avez un grand zèle de voir les âmes s’avancer bien vite, c’est ce zèle même qui doit vous porter à ne les presser pas trop, afin que vous les voyiez bientôt dans l’état que vous souhaitez. Si ceci vous paraît être une énigme, jetez les yeux sur toute la nature, et vous reconnaîtrez cette vérité. Ne vous laissez point ébranler par les reproches de ceux qui vous accuseront injustement.
Quoiqu’ici les accusateurs soient des pharisiens, et les accusés des disciples, cependant Jésus-Christ ne modifie en rien sa conduite ; il ne dit point : C’est une chose honteuse que ceux-là jeûnent et que mes disciples ne jeûnent pas. Il fait comme un sage pilote qui ne s’arrête pas à considérer la violence des flots agités, mais qui ne pense qu’à conduire son vaisseau, et à suivre toutes les règles de son art. C’est ainsi que Jésus-Christ fait. Il voyait que c’était une chose honteuse, non que ses disciples ne jeûnassent pas, mais qu’ils reçussent une plaie mortelle du jeûne, et qu’ils en devinssent comme un vêtement qui se déchire, ou comme un vaisseau qui se rompt.
5. Apprenons donc par là, mes frères, les règles de la conduite que nous devons garder envers toutes les personnes de notre maison. Vous avez, je suppose, une femme qui aime le luxe, qui ne respire qu’après les parures de toutes sortes, telles que les couleurs appliquées sur le visage et autres de ce genre, qui se plonge dans les délices et, les voluptés, qui ne sait pas retenir sa .langue, qui est légère, sans esprit, sans jugement. Je sais qu’il est difficile qu’une seule femme réunisse tant de défauts; mais enfin supposons-en une dont ce soit là le portrait fidèle. Mais pourquoi, direz-vous, supposer une femme plutôt, qu’un homme?
Je n’ignore pas qu’il y a des hommes encore pires que cette femme telle que nous l’avons représentée. Mais puisque la supériorité a été départie à l’homme, c’est l’ordre même établi parDieu qui fait que je parle ici de la lemme, et ce n’est nullement que je croie de ce côté la malice plus grande. On voit même chez les hommes des crimes qui ne se commettent guère parmi les femmes, comme les meurtres, la violation des sépulcres et mille autres choses semblables. Ne croyez donc point que je vous propose ici les femmes par un mépris de ce sexe. Je vous déclare que je suis très-éloigné de cette pensée, et que je ne le fais que parce que je trouve cet exemple bien plus propre à mon sujet.
Supposons donc qu’une femme ait tous les défauts dont j’ai parlé, et que son mari fasse tous ses efforts pour la corriger. Quelle conduite doit-il garder dans ce dessein? Il faut que d’abord il ne lui ordonne pas trop de choses à la fois; qu’il commence par les plus aisées, et par celles où elle a le moins d’attache. Car si vous la voulez obliger à faire tout d’un coup tout ce que vous désirez d’elle, elle ne fera rien du tout. Ne commencez donc pas par vouloir la forcer à faire le sacrifice de ses parures d’or. Permettez-lui de s’en servir encore, puisqu’il y a moins de mal en cela qu’à se farder le visage par des couleurs empruntées.
Tâchez de retrancher cela d’abord, non point en usant de menaces ou de sévères réprimandes,.mais par des raisons douces et persuasives, en blâmant devant elle les autres personnes qui s’en servent, ou en témoignant dire simplement votre pensée et vos sentiments sur ce sujet. Qu’elle sache et qu’elle soit bien persuadée que ces visages fardés ne vous plaisent pas, et que vous n’avez que de l’aversion pour cette beauté peinte et contrefaite. Ne vous contentez pas de lui dire votre sentiment personnel; représentez-lui aussi la (249) pensée de ceux qui sont là-dessus d’accord avec vous. Dites-lui que ces poudres et que ces peintures gâtent le teint naturel, afin de la guérir de cette passion par l’amour même qu’elle a pour sa personne.
Ne lui parlez point encore de l’enfer ni du ciel, car ce serait un langage qu’elle n’entendrait pas. Dites-lui que vous prenez plus de plaisir à voir son visage tel que Dieu l’a fait, et qu’il n’y a point d’homme sage qui ne condamne et même qui ne trouve laides celles qui se déguisent ainsi le visage par des poudres et par des couleurs empruntées, pour forcer en quelque sorte la nature, et pour se donner ce qu’elles n’ont pas. Servez-vous de ces raisons communes et sensibles pour la guérir de cette maladie. Et après que vous lui aurez adouci l’esprit, et que vous la verrez plus susceptible des raisons spirituelles, vous pourrez aussi lui parler du péril où elle s’expose de se perdre pour jamais. Ne vous lassez point de lui redire ces choses. Si vous ne gagnez rien la première, la seconde ou la troisième fois, ne perdez pas courage. Continuez à lui faire les mêmes représentations sans aigreur, sans chaleur et sans aversion, mais avec amour et avec douceur, tantôt en lui parlant obligeamment, tantôt en lui témoignant quelque froideur, pourvu que ce soit pour revenir bientôt aux caresses et aux moyens agréables. Ne voyez-vous pas combien les peintres effacent de fois ce qu’ils ont fait, combien ils rappliquent de fois leurs couleurs pour former un beau visage ? Ne leur cédez pas en ce point. S’ils prennent tant de peine pour représenter une figure morte sur du bois ou sur de la toile, que ne devez-vous point faire pour retracer dans une âme l’image de Dieu ? Lorsqu’elle aura acquis cette beauté intérieure et spirituelle, vous ne la verrez plus farder et déshonorer son visage; elle ne rougira plus ses lèvres; elle n’ensanglantera plus sa bouche, comme un ours qui revient du carnage; elle ne noircira plus ses sourcils, et elle ne blanchira plus ses joues, se souvenant " de ces sépulcres blanchis " dont il est parlé dans l’Evangile. Car tous ces fards qui ne sont que du plâtre et de la poudre, nous représentent fort bien tout ce que nous ne voyons qu’avec horreur au fond des tombeaux.
6. Mais je ne sais comment je me suis laissé emporter insensiblement, et je m’aperçois que tout en vous portant à être doux, je ne le suis pas moi-même, et que je vous parle de la modération avec chaleur. Je reviens donc à ce que je vous disais, savoir, qu’on doit supporter d’abord les femmes dans leurs défauts pour les gagner peu à peu, et pour les faire entrer dans la disposition que l’on désire. Ne voyez-vous pas tous les jours avec quelle douceur les mères traitent leurs enfants lorsqu’elles les veulent sevrer? Ces enfants crient et pleurent sans cesse. Cependant elles font tout et elles souffrent tout pour gagner cette seule chose, qu’ils ne retournent plus à la mamelle. Imitez la douceur de cette conduite. Souffrez tout d’une femme, pourvu que vous obteniez d’elle qu’elle ne se serve plus de fard. Quand vous l’aurez gagnée sur ce point, vous passerez à un autre. Vous commencerez à lui parler doucement contre ces parures d’or qu’elle porte. En formant ainsi peu à peu votre femme dans la vertu, vous deviendrez devant Dieu un excellent peintre, un serviteur fidèle, et comme un jardinier habile qui a soin du champ qui lui a été confié.
Représentez-lui ces femmes illustres de l’Ancien Testament, Sara, Rébecca et les autres dont les unes, selon l’Ecriture, ont été très belles, et les autres ne l’étaient pas, mais qui ont toutes été également sages. Quoique Lia, l’une des femmes du patriarche Jacob, ne fût pas fort belle ni fort aimée de son mari, elle n’eut jamais recours au fard, ni à de semblables artifices, et sans jamais emprunter ces couleurs étrangères, elle voulut demeurer telle qu’elle était, sans altérer en rien l’ouvrage de Dieu et de la nature. Et cependant elle avait été élevée parmi des infidèles et des idolâtres. Mais vous qui avez été nourrie dans la foi et la connaissance du vrai Dieu, vous qui avez Jésus-Christ pour chef, oserez-vous bien chercher une beauté artificielle dans ces déguisements que le diable a inventés ? Ne vous souvenez-vous plus de cette eau divine du baptême, qui a lavé et consacré votre tête et votre visage; de cette chair du Sauveur qui a tant de fois sanctifié vos lèvres, et de ce sang adorable qui a rougi votre langue? Si vous n’aviez point oublié toutes ces grâces, il vous serait impossible de devenir ainsi idolâtre de votre visage, et toutes ces peintures de blanc et de rouge vous seraient insupportables. Considérez que Jésus-Christ est votre époux, que c’est pour lui que vous devez vous parer, et vous fuirez avec horreur ces embellissement (250) si honteux. Car Jésus-Christ n’aime point ces agréments faux et contrefaits. Il veut que ses épouses soient belles, mais d’une beauté véritable, je veux dire de la beauté spirituelle. C’est cette beauté que le Prophète vous avertit de conserver avec soin, lorsqu’il vous dit " Et le roi aimera votre beauté." (Ps. XLIV,9.) Ne cherchons donc plus ces beautés étudiées aussi difformes qu’elles sont vaines. Les ouvrages de Dieu sont achevés. Il y a mis tout ce qui y doit être, et il n’a pas besoin de vous pour les réformer. Après qu’un excellent peintre a achevé le portrait de l’empereur, nul n’oserait y ajouter des couleurs étrangères, et cette audace ne serait pas impunie. Vous avez donc du respect pour l’ouvrage d’un homme, et vous osez altérer et corrompre l’ouvrage de Dieu? Vous ne vous souvenez plus qu’il y a un enfer? Vous ne tremblez point au souvenir de ses flammes? Vous oubliez même votre âme, et vous la traitez indignement sans en avoir aucun soin, parce que vous donnez tontes vos pensées et toutes vos affections à votre corps!
Mais j’ai tort de vous parler de votre âme, puisque vous ne traitez-pas mieux votre corps et qu’il lui arrive tout le contraire de ce que vous prétendez. Vous voulez paraître belle par ce fard, et il ne sert qu’à vous rendre laide. Vous voulez plaire à votre mari, et rien ne lui déplaît davantage; et non-seulement à lui, ruais à tout le monde. Vous voulez passer pour jeune, et vous en devenez plus vieille. Enfin vous voulez qu’on admire votre beauté, et tout le monde se moque de vous. Vous ne sauriez voir sans quelque honte, ni vos amies, et les personnes qui sont vos égales, ni même vos servantes et vos domestiques; et votre miroir même vous fait rougir.
Mais je ne veux point m’arrêter à ces raisons. Il y en a d’autres bien plus fortes et bien plus considérables. Car vous péchez contre Dieu ; vous perdez la pudeur qui est la gloire de votre sexe; vous allumez des flammes criminelles dans le coeur des hommes, et vous vous rendez semblable à ces victimes infâmes de l’impudicité publique. Pensez donc avec attention à tous ces avis que je vous donne, Méprisez à l’avenir ces ornements diaboliques. Renoncez à ces faux embellissements, ou plutôt à ces véritables laideurs, pour ne vous occuper plus que de cette beauté intérieure et invisible de l’âme, que les anges désirent; que Dieu aime, et qui sera précieuse et vénérable à ceux à qui vous êtes unie d’un lien sacré; afin qu’ayant passé cette vie dans une honnêteté vraiment chrétienne, vous passiez en l’autre dans la gloire qui vous est promise, dont je prie Dieu de nous faire jouir tous, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
EXPLICATION PAR SAINT JEAN CHRYSOSTOME
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/matthieu/030.htm
HOMÉLIE XXX
« ET JÉSUS SORTANT DE LÀ, VIT EN PASSANT UN HOMME QUI ETAIT ASSIS AU BUREAU DES IMPOTS, NOMME MATTHIEU, AUQUEL IL DIT : SUIVEZ-MOI, ET LUI SE LEVANT, LE SUIVIT. » (CHAP. IX, 9, JUSQU’AU VERSET 19.)
ANALYSE
1.Vocation de saint Matthieu; éloge de sa vertu.
2. Contre ceux qui recherchent l’estime des hommes en jeûnant.
3. Les disciples de Jean jaloux de Jésus-Christ.
4. Qu’il ne faut prescrire les choses difficiles qu’à ceux qui en sont capables.
5. et 6. Exhortation. Cette règle s’applique à tout. Par exemple qu’un mari veuille corriger sa femme de son goût pour la vanité, il devra procéder doucement et avancer par degrés.
1. Jésus-Christ ayant fait ce miracle, sort de ce lieu aussitôt, de peur que sa présence n’irritât encore davantage l’envie. Il se retire donc pour adoucir l’aigreur de ses ennemis, et il nous montre en cela l’exemple que nous devons imiter. Il nous apprend à ne point irriter encore davantage nos envieux en les bravant mais à tâcher de guérir leurs plaies, et de le apaiser par notre douceur.
Mais d’où vient que Jésus-Christ n’a point appelé l’apôtre dont nous venons de lire la vocation, avec saint. Pierre, saint Jean et le autres? Il avait choisi pour appeler ceux-ci le temps où il savait que ces hommes répondraient à leur vocation. De même il appela saint Matthieu lorsqu’il eut la certitude que ce publicain se rendrait à sa parole. C’est ainsi encore qu’il pêcha saint Paul, après sa résurrection. Car celui qui sonde les cœurs et qui voit à nu les pensées des hommes, n’ignorait pas le moment le plus propre pour se faire suivre de chacun de ses apôtres. Il n’appela point d’abord saint Matthieu, parce que son coeur était encore trop endurci ; mais après tant de miracles, et cette grande réputation qu’il s’était acquise, il l’appela enfin, parce qu’il savait qu’il ne lui résisterait pas.
Mais nous devons admirer ici la grande humilité de cet évangéliste, qui ne dissimule point sa vie passée, et qui marque expressément son nom de « Matthieu,» lorsque tous les autres le cachent et l’appellent Lévi.
Pourquoi marque-t-il qu’il était « assis au bureau des impôts? » C’est pour faire voir la force toute-puissante de Celui qui l’appela, et qui le choisit pour son disciple, avant qu’il eût renoncé à une profession si déshonorante, avant qu’il eût cessé ses coupables exactions (243) et lorsqu’il y était actuellement occupé. C’est ainsi qu’il appela ensuite le bienheureux apôtre saint Paul, lorsqu’il était plein de rage et de furie contre les disciples. Ce saint apôtre exprime lui-même quelle était la toute-puissance de Celui qui l’appelait, lorsqu’il dit aux Galates : « Vous savez, mes frères, de quelle manière j’ai vécu autrefois dans le judaïsme, avec quelle fureur je persécutais l’Eglise de Dieu.» (Gal. I, 13.)
Il appela encore les pêcheurs, lorsqu’ils étaient à leurs filets. Mais cette occupation, qui était celle de bons paysans, d’hommes rustiques et simples, n’avait cependant rien d’infamant: au lieu que le métier de publicain était rempli d’injustice, de cruauté et d’infamie, et passait pour un trafic honteux, pour un gain illicite, et pour un vol qui s’exerçait sous le couvert des lois. Cependant Jésus-Christ ne rougit point d’avoir pour disciples des hommes de cette sorte.
Mais devons-nous nous étonner que le Sauveur n’ait point rougi d’appeler un publicain, lui qui n’a pas rougi d’appeler à lui une femme impudique, qui lui a permis de baiser ses pieds, et de les arroser de ses larmes? C’est pour cela qu’il était venu. Ce n’est pas tant le corps qu’il a voulu affranchir de ses maladies que l’âme qu’il a désiré guérir de sa malice. Il le fit bien voir à propos du paralytique. Avant d’appeler à lui un publicain, et de l’admettre au nombre de ses disciples, ce qui aurait pu scandaliser, il prit la précaution de faire voir qu’il lui appartenait de remettre les péchés.
Car qui peut trouver étrange que Celui qui est assez puissant., pour guérir les péchés des hommes, appelle un pécheur et en fasse un apôtre?
Mais après avoir vu la puissance du Maître qui appelle, admirez la soumission du disciple qui obéit. Il ne résiste point; il ne témoigne point de défiance en disant en lui-même : Que veut dire cet homme? N’est-il pas visible qu’il me trompe en m’appelant à lui, moi qui suis un publicain et un pécheur? Il ne s’arrête point à des pensées que lui auraient pu inspirer une humilité fausse et indiscrète; mais il suit Jésus-Christ avec tant de promptitude, qu’il ne prend pas même le temps d’en aller demander avis à ses proches.
Le publicain obéit avec la même docilité que les pêcheurs. Ils avaient à l’instant quitté leurs filets, leur barque et leur père, celui-ci renonce de même à cette banque et au gain qu’il en retirait. Il témoigne combien il était disposé et préparé à tout. Il rompt tout d’un coup tous les liens et tous les engagements du siècle; et cette prompte obéissance rend témoignage à la sagesse et à la grâce pleine d’à-propos de Celui qui l’appelait.
Mais pourquoi , me direz-vous , Dieu a-t-il voulu faire marquer dans l’Evangile la manière dont quelques apôtres, comme Pierre, Jacques, Jean et Philippe ont été appelés et qu’il n’a rien fait dire touchant la vocation des autres? — Il a fait une mention expresse et particulière de ceux-ci, parce qu’ils étaient dans les occupations ou les plus viles, ou les plus opposées à la vocation de Jésus-Christ. Rien en effet de pire que la profession de publicain, ni de plus bas que celle de pêcheur. On peut juger aussi que Philippe était fort pauvre par le pays d’où il sortait. En parlant plus spécialement de ces apôtres et de leurs occupations qui sont si humbles, les évangélistes montrent combien on doit ajouter foi à leurs récits lorsqu’ils contiennent des choses merveilleuses. En effet, puisqu’ils craignent si peu de raconter des choses qui semblent faites pour rabaisser dans l’opinion des hommes soit les disciples; soit le Maître lui-même, qu’ils paraissent s’y attacher de préférence et les mettre en relief avec un soin particulier; comment pourrait-on raisonnablement suspecter leur véracité lorsqu’ils rapportent des actions éclatantes et sublimes? et cela surtout lorsque l’on voit qu’ils ne touchent que comme en passant une multitude infinie des miracles de Jésus-Christ, et qu’ils publient au contraire très-haut et très en détail les apparentes ignominies de la croix; qu’ils parlent sans rien déguiser de la profession des disciples quoique si humble et si vile aux yeux du monde; et qu’en retraçant la généalogie de leur Maître, ils nomment à haute voix ses ancêtres les plus décriés par leurs péchés comme les moins élevés par leur condition. Tout cela nous fait assez voir quel zèle ils avaient de dire la vérité eu toutes choses et qu’ils n’écrivaient rien ni par vanité ni par flatterie.
2. « Et Jésus étant assis à table dans la maison de cet homme, il y vint aussi beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie qui étaient assis avec Jésus et ses disciples (10). » Jésus-Christ ayant appelé saint Matthieu, l’honora aussitôt d’une visite, et il ne (244) dédaigna pas de manger à sa table. Il voulait par cette conduite si obligeante lui faire concevoir de grandes espérances pour l’avenir lui donner plus de confiance. Car Jésus n’attendit pas longtemps pour refermer les plaies de l’âme de son nouveau disciple, il le guérit en un moment de tous ses péchés.
Il veut bien même manger non avec lui seul, mais avec beaucoup d’autres de la même profession , quoique ce fût un crime aux yeux des Juifs que cette condescendance qu’il montrait pour les pécheurs en les laissant approcher de sa personne. Les évangélistes n’oublient pas encore de marquer cette circonstance et de rapporter combien ces envieux condamnèrent cette action. Il était tout simple que les publicains vinssent s’asseoir à la table d’un homme de la même profession qu’eux. Saint Matthieu, ravi de joie de l’honneur que lui faisait Jésus-Christ, convia tous ses amis. La bonté du Sauveur tentait toutes sortes de voies pour sauver les hommes: les uns en leur parlant, les autres en guérissant leurs maladies, les autres en les reprenant, et les autres en mangeant avec eux. Il voulait nous apprendre qu’il n’y avait point ou de temps, ou de condition où nous ne puissions nous convertir.
Quoique tout ce qu’on lui servait à table vînt de rapine, d’injustice et d’avarice, il rie refusa pas néanmoins d’en manger, parce qu’il voyait l’avantage qu’il en devait retirer, et il ne craint pas de se trouver avec de si grands pécheurs dans la même maison et à la même table. C’est ainsi qu’un médecin se doit conduire. S’il ne souffre la pourriture et la puanteur de ses malades, il ne les délivrera point de leurs maux. Ainsi Jésus-Christ n’appréhende point le mal qu’on peut dire ou penser de lui, de ce qu’il mange avec un publicain dans la maison d’un publicain, et avec d’autres publicains. Vous savez aussi combien les Juifs lui en ont fait de reproches: «Voilà, »disent-ils, « un homme de bonne chère et qui aime à boire : c’est un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. » (Matt. XI,13.)
Que ces hypocrites qui désirent tant de se faire estimer par leurs jeûnes écoutent ces paroles. Qu’ils considèrent que Jésus-Christ n’a pas rougi de passer pour un homme qui aimait le vin et la bonne chère, et qu’il a méprisé tous ces propos pour arriver à la fin qu’il se proposait, la conversion des âmes. Et nous voyons comment il convertit en effet saint Matthieu, et comment d’un pécheur il fit un apôtre.
Pour mieux juger de l’avantage que saint Matthieu reçut de cette condescendance du Fils de Dieu, il ne faut que considérer ce que dit Zachée, un autre publicain. Aussitôt que Jésus-Christ lui dit: « Zachée, il faut que je loge chez vous (Luc, XIX, 5),» il fut transporté de joie; et, dans cette ferveur, il dit à Jésus-Christ : «Je suis résolu, Seigneur, de donner moitié de mon bien aux pauvres; et si j’ai trompé quelqu’un je lui rendrai quatre fois autant, » ce qui porta Jésus-Christ à lui répondre : « Aujourd’hui le salut a été donné à cette maison. » Tant ce que nous venons de dire est véritable, qu’il n’y a point d’état où l’on, ne puisse se convertir! Mais pourquoi donc, me direz-vous, saint Paul ordonne-t-il « de n’avoir point de commerce et de ne point manger avec celui de nos frères qui est fornicateur; ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur du bien d’autrui ? » (I Cor, V,11.) D’abord on ne voit pas très-bien si c’est aux pasteurs qu’il parle en cet endroit, ou seulement aux fidèles.
Ensuite ces publicains n’étaient pas encore du nombre des vrais fidèles, ils n’étaient pas encore frères. De plus saint Paul ne commande d’éviter nos frères que lorsqu’ils demeurent toujours dans le mal. Ces publicains au contraire étaient déjà convertis dans le coeur et avaient renoncé à leur vie passée. Mais comme rien ne pouvait ni servir aux pharisiens, ni les toucher, ils s’adressent ici aux disciples de Jésus-Christ et leur disent : «. Pourquoi notre Maître mange-t-il avec des publicains et des gens de mauvaise vie (11)? » On voit ailleurs que lorsqu’ils croyaient avoir surpris les apôtres en quelque faute, ils viennent dire à Jésus-Christ: « Pourquoi vos disciples font-ils ce qu’il ne leur est pas permis de faire le jour du sabbat? » au contraire ils blâment le Maître devant ses disciples. Ils montrent partout leur malice et ils s’efforcent de séparer les disciples d’avec leur Maître. Mais que leur répond cette sagesse infinie? « Jésus les ayant entendus, leur dit : Ce ne sont pas les sains, mais les malades qui ont besoin de médecin (12). » Qui n’admirera comment il retourne leurs paroles, et s’en sert contre eux-mêmes? Ils lui font un crime d’aller avec cette sorte de gens, (245) et il leur montre au contraire qu’il serait indigne de lui et de sa parfaite charité, d’avoir de la répugnance à converser avec les pécheurs et qu’essayer de les convertir est une chose non-seulement irrépréhensible, mais de première importance, nécessaire et digne de toutes les louanges.
Ensuite, pour que cette parole: « ceux qui « sont malades, » par laquelle il désignait ceux qui étaient assis à table avec lui, ne leur causât trop de honte, il la corrige et l’adoucit en y joignant une réprimande à l’adresse de ses censeurs : « C’est pourquoi, » dit-il, « allez et apprenez ce que veut dire cette parole : « J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice. » (Osée, 6.) Il leur cite ce passage du Prophète, pour leur faire voir dans quelle ignorance ils étaient des paroles de l’Ecriture. Il anime même ici son discours un peu plus qu’à l’ordinaire, non par émotion ou par colère, Dieu nous garde de cette pensée! mais pour tâcher de les émouvoir et de les instruire. Quoiqu’il eût pu leur dire: N’avez-vous pas vu de quelle manière j’ai guéri le paralytique, et comment j’ai affermi tout son corps? il ne leur dit rien de semblable. Il leur répond d’abord par un raisonnement tout ordinaire et il s’appuie ensuite sur l’autorité de l’Ecriture. Après avoir dit que le médecin n’était pas pour les sains, mais pour ceux qui se portaient mal, et insinué, par ces paroles, qu’il était l’unique et le véritable Médecin, il ajoute ensuite : « C’est pourquoi allez et apprenez ce que veut dire cette parole : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice.
Saint Paul agit de même : car après avoir débuté en disant : « Qui est celui qui paît un troupeau, et qui ne mange point du lait du troupeau? (I Cor. IX, 7), » il rapporte ensuite le témoignage de l’Ecriture et dit : Il est écrit dans la loi de Moïse: Vous ne tiendrez point la bouche liée au boeuf qui foule le grain » (Ibid. 9.) Et un peu après: « Le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de 1’Evangile. » (Ibid. 14.)
3. Jésus-Christ traitait ses disciples d’une autre manière, et il leur rappelait à la mémoire les miracles qu’ils lui avaient vu faire, en leur disant: « Avez-vous oublié qu’avec cinq pains j’ai nourri cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous remplîtes de ce qui restait?» (Marc, 8.) Mais il n’agit pas ici avec les Juifs de la même manière. Il se contente de les faire souvenir de la faiblesse commune ,de tous les hommes, et de leur faire comprendre qu’étant hommes eux-mêmes, ils sont aussi du nombre des faibles, puisqu’ils n’avaient aucune connaissance des Ecritures, ni aucun amour pour la vertu; mais qu’ils réduisaient toute la piété à leurs oblations et leurs sacrifices. C’est cet abus que Jésus-Christ condamne hautement, en rapportant en peu de paroles ce que tous les Prophètes ont dit: « Apprenez ce que veut dire cette parole : « j’aime mieux la miséricorde que le sacrifice. » Il leur fait voir que ce sont eux qui violent la loi, et non pas lui. Il semble qu’il leur dise : pourquoi m’accusez-vous de ce que je fais rentrer les pécheurs dans la justice? Si je suis coupable en cela, vous devez donc accuser aussi mon Père. Il se sert ici du même raisonnement dont il se servit ailleurs, lorsqu’il disait : « Mon Père, depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui, ne cesse point d’agir; et moi j’agis aussi avec lui. » (Jean, V, 47.) Il fait ici la même chose, en disant : «Allez et apprenez ce que veut dire cette parole : j’aime mieux la miséricorde que le sacrifice.» Comme mon Père aime mieux l’un que l’autre, je l’aime mieux aussi moi-même.
Il déclare donc que leur sacrifice était superflu, et que la miséricorde est entièrement nécessaire. Car il ne dit pas : je veux la miséricorde et le sacrifice; mais « je veux la miséricorde et non pas le sacrifice. » Il approuve l’un et rejette l’autre. Il montre que ce qu’ils blâmaient, non seulement était permis, mais même commandé, et bien plus formellement que le sacrifice; ce qu’il confirme par un passage bien clair de l’Ancien Testament. Après donc les avoir convaincus et par des raisons communes, et par l’autorité de l’Ecriture, il ajoute : « Car je ne suis pas venu appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs (13).» Lorsqu’il les appelle « justes » c’est par ironie, et comme il dit autrefois d’Adam : « Voilà qu’Adam est devenu comme l’un de nous.» .(Gen. III, 22.) Et ailleurs: « Si j’ai faim je ne vous le dirai pas. » (Ps. XLIX, 13) Saint Paul dit clairement que Dieu n’a trouvé personne qui fût juste sur la terre: « Tous ont péché, » dit-il, « et ont besoin de la gloire de Dieu. » (Rom. III, 23.) Jésus-Christ parlait donc de la sorte pour la consolation de ceux qui étaient à ce festin avec lui. (246)
Je suis si éloigné, dit-il, d’avoir de l’aversion pour les pécheurs, que c’est pour eux seuls que je suis venu. Mais afin de ne les point rendre lâches et paresseux par des paroles pleines d’une si grande confiance, après avoir dit: « qu’il était venu appeler les pécheurs, » il ajoute aussitôt, « à la pénitence. » Car je ne suis pas venu, dit-il, afin que les pécheurs demeurent dans leurs péchés; mais afin qu’ils en sortent et deviennent justes.
Enfin les Juifs confondus de toutes manières et ne pouvant répondre ni aux raisons de Jésus-Christ, ni aux passages de l’Ecriture, voyant qu’ils n’avaient plus rien à dire, qu’ils étaient coupables eux seuls des péchés dont ils accusaient Jésus-Christ, qu’ils étaient opposés à la loi même ancienne, les Juifs quittent la personne de Jésus-Christ et tournent leurs accusations contre ses disciples. Saint Luc attribue les paroles qui suivent aux pharisiens, et saint Matthieu aux disciples de saint Jean. Mais il est vraisemblable qu’ils s’étaient joints ensemble, parce que les pharisiens se voyant trop faibles, eurent recours aux disciples de saint Jean, comme ils eurent recours ensuite aux Hérodiens. Car les disciples de saint Jean avaient une jalousie continuelle contre Jésus-Christ. Ils témoignaient partout combien ils lui étaient opposés, et ils ne purent être humiliés que lorsque leur maître fut en prison. Ils parurent un peu plus doux alors, et ils vinrent trouver Jésus-Christ pour lui en donner avis, Mais on voit que dans la suite ils retournèrent à leur première jalousie. Que disent-ils donc ici à Jésus-Christ?
« Pourquoi les pharisiens et nous jeûnons-nous souvent, et que vos disciples ne jeûnent point (14)?» C’était là proprement la maladie mortelle que Jésus-Christ tâchait de guérir lorsqu’il disait: «Quand vous jeûnerez, parfumez-vous la tête, et lavez-vous le visage (Matth. V,20), » prévoyant combien de maux devaient naître de cette source. Cependant Jésus-Christ ne leur fait point de reproche. Il ne les appelle point vains et frivoles; mais demeurant dans sa douceur ordinaire, il leur répond paisiblement: « Ceux qui accompagnent l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux (15) ? » Quand Jésus-Christ parlait pour des personnes qui ne lui appartenaient pas, comme pour les publicains , il ne craignait pas, pour mieux consoler et adoucir leur âme blessée, de s’élever avec vigueur contre ceux qui les outrageaient; mais quand c’est à lui ou à ses disciples que les Juifs s’en prennent, il leur répond avec la plus grande douceur du monde. Le reproche qu’ils faisaient à Jésus-Christ revient à ceci : Soit, vous êtes médecin, et en cette qualité vous êtes obligé d’user de cette condescendance envers vos malades; mais quel prétexte peuvent avoir vos disciples de mépriser le jeûne pour se trouver à ces festins? Et pour donner encore plus de poids à leur accusation, ils se nomment les premiers et les pharisiens ensuite, afin que ces comparaisons rendissent la conduite des apôtres encore plus odieuse. « Nous autres, »disent-ils, « et les pharisiens jeûnons beaucoup. » Ils jeûnaient tous, en effet, les uns, parce qu’ils l’avaient appris de saint Jean, et les autres de la loi. C’est ce qu’on voit par ce pharisien qui disait: « Je jeûne deux fois la semaine. » (Luc, XV, 12.)
Que répond donc Jésus à cette accusation? Ceux qui accompagnent l’époux peuvent-ils «jeûner pendant que l’époux est avec eux? » Il vient de faire voir qu’il était le médecin des âmes, et il montre maintenant qu’il en est l’époux, découvrant des mystères ineffables dans ces différents noms qu’il se donne. Il pouvait répondre à ces calomniateurs d’une manière qui les confondît davantage. Il pouvait leur dire : Vous n’avez pas autorité pour établir par vous-même cette loi de jeûne et l’imposer aux hommes. Quelle utilité prétendez-vous tirer de vos jeûnes, lorsque votre âme est remplie de corruption et de malice? lorsque vous accusez les autres, lorsque vous les condamnez pour une paille que vous voyez dans leur oeil, sans vous apercevoir qu’il y a des poutres dans le vôtre, enfin lorsque vous faites tout par ostentation et par vanité? Il faudrait commencer par renoncer à ce vain désir de gloire, travailler à acquérir les véritables vertus, et à vous établir dans la charité, dans la douceur et dans l’amour de vos frères. Il ne leur dit rien de semblable. Il leur répond seulement avec une humble modestie:
« Ceux qui accompagnent l’époux ne peuvent pas jeûner pendant que l’époux est avec eux, » les faisant souvenir de ces paroles de saint Jean: « L’époux est celui à qui est l’épouse; mais l’ami de l’époux qui se tient debout et l’écoute, est ravi de joie parce qu’il entend la voix de l’époux. » (Jean, III, 29.) Comme s’il leur disait : Ce temps est pour (247) mes disciples un temps de joie, durant lequel il ne leur faut parler de rien qui soit triste; non que le jeûne le soit de soi-même, mais il l’est pour ceux qui sont encore faibles. Car lorsqu’un homme veut résolument s’avancer dans la vertu, le jeûne lui est doux et agréable, bien loin d’avoir quelque chose de pénible. Comme le corps est dans la joie, lorsqu’il est parfaitement sain; l’âme de même en ressent beaucoup plus, lorsqu’elle est saine et pure au dedans. Mais. Jésus-Christ parle ici selon la pensée des Juifs. C’est ainsi qu’Isaïe parlant du jeûne l’appelle aussi «l’abaissement et l’humiliation de l’esprit. » (Isaïe, XXXV.) Et Moïse en parle de la même manière.
4. Non content de les avoir réfutés par ce qu’il vient de dire, Jésus-Christ ajoute encore: « Mais il viendra un temps que l’époux leur «sera ôté, et alors ils jeûneront (15). » Il leur fait voir par ces paroles que ce n’était point par intempérance que ses disciples ne jeûnaient point, mais par un ordre admirable de sa sagesse. Il mêle aussi en répondant aux Juifs quelques paroles qui font allusion à sa passion et à sa croix, afin que ses disciples s’accoutument insensiblement à entendre ces choses fâcheuses du moins en apparence, et qu’ils se préparent aux. afflictions. Ils étaient encore trop faibles pour porter les discours clairs que Jésus-Christ leur aurait directement adressés sur ce sujet, puisqu’on voit dans la suite qu’ils en furent troublés quand ils les entendirent; mais dites à d’autres en leur présence, ces choses leur causaient une moins pénible impression. Ensuite comme vraisemblablement les disciples de Jean tiraient vanité de la passion de leur maître, Jésus-Christ rabat leur orgueil en laissant entrevoir sa propre passion dans l’avenir. Il n’avance encore rien touchant sa résurrection; il n’était pas encore temps. C’était une chose naturelle que celui qu’ils regardaient comme un pur homme, mourût, mais il était au-dessus de la nature qu’étant mort il ressuscitât.
Après s’être justifié de la sorte contre l’accusation des Juifs, il fait encore ici ce qu’il vient de faire auparavant. Car comme lorsque ses envieux tâchaient de le couvrir de confusion parce qu’il mangeait avec des pécheurs, il leur fit voir que bien loin d’être coupable, cette conduite était au contraire sage et méritoire; de même ici, lorsqu’ils veulent le convaincre de ne pas savoir diriger ses disciples, il leur prouve au contraire qu’ils n’entendaient rien eux-mêmes à gouverner les autres, et que ce n’était que la passion qu’ils avaient de l’accuser qui les faisait parler de la sorte.
« Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, parce que le neuf emporte encore une partie du vieux, et qu’ainsi « la rupture en devient plus grande (16). » Il leur rapporte encore une comparaison familière pour leur prouver mieux ce qu’il leur dit. Voici le sens de ces paroles: Mes disciples ne sont pas encore très-forts. Ils ont besoin qu’on ait pour eux beaucoup de condescendance. Le Saint-Esprit ne les a pas encore renouvelés. Il ne faut pas. accabler leur faiblesse par trop de préceptes. Jésus-Christ traçait ici une règle importante à ses apôtres, afin que lorsqu’ils auraient eux-mêmes ensuite des disciples qui viendraient à eux de tous les endroits de la terre, ils les traitassent avec une douceur et une patience qui eût du rapport avec celle que Jésus-Christ leur témoignait à eux-mêmes. «Et l’on ne met point non plus de vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; parce que si on le fait, les vaisseaux se rompent, le vin se répand, et les vaisseaux sont perdus; mais on met le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et ainsi le vin et les vaisseaux se conservent (17). » Jésus-Christ se sert ici d’exemples semblables à ceux dont se sont servis les prophètes. Car Jérémie. compare le peuple à une ceinture comme Jésus-Christ compare ici ses disciples à un vêtement; et ce même prophète parle de vin et de vaisseaux comme Jésus-Christ fait ici. (Jérém. XIII.) Il choisit à dessein ces comparaisons parce qu’il s’agissait d’intempérance et d’excès de bouche. Saint Luc dit quelque chose de plus, savoir, que « le neuf déchire le vieux « auquel on le coud. » (Luc, V.) Vous voyez donc que bien loin d’en recevoir quelque utilité on n’en retira qu’un plus grand mal. Ainsi par une même parole il leur apprend leur état présent et leur prédit leur état futur; c’est-à-dire qu’ils seraient entièrement renouvelés. Mais avant ce temps il ne leur veut rien commander de trop fort et de trop austère.
Celui qui veut imposer aux hommes des lois pénibles, avant qu’ils soient capables de les porter, ne les trouvera plus disposés à les recevoir lorsque le temps sera venu, parce, qu’il les en aura rendus incapables par sa précipitation. Ce malheur ne vient plus ni des vaisseaux, ni (248) du vin, mais de l’imprudence et de l’indiscrétion de ceux qui le versent.
Jésus-Christ nous apprend ici la raison pour laquelle il s’abaisse si souvent dans ses discours; c’est que son langage s’accommodait à la faiblesse de ceux qui l’écoutaient, plus qu’il n’était en rapport avec sa propre grandeur. Il s’en explique lui-même très-clairement lorsqu’il dit à ses apôtres : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne les pouvez porter maintenant. » Il ne veut pas qu’ils croient qu’il n’avait plus rien à leur dire, mais que ce n’était que leur faiblesse qui l’empêchait de leur déclarer des vérités plus importantes, qu’il promet de leur découvrir, lorsqu’ils seraient devenus plus forts. Il fait la même chose ici : « Le temps viendra, dit-il, que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront. »(Jean, XVI,12.)
Imitons cette conduite, mes frères. N’exigeons pas tout, dès le principe, de toutes sortes de personnes. Contentons-nous dans les commencements de ce que chacun peut faire, et notre modération les rendra capables de tout. Si vous avez un grand zèle de voir les âmes s’avancer bien vite, c’est ce zèle même qui doit vous porter à ne les presser pas trop, afin que vous les voyiez bientôt dans l’état que vous souhaitez. Si ceci vous paraît être une énigme, jetez les yeux sur toute la nature, et vous reconnaîtrez cette vérité. Ne vous laissez point ébranler par les reproches de ceux qui vous accuseront injustement.
Quoiqu’ici les accusateurs soient des pharisiens, et les accusés des disciples, cependant Jésus-Christ ne modifie en rien sa conduite ; il ne dit point : C’est une chose honteuse que ceux-là jeûnent et que mes disciples ne jeûnent pas. Il fait comme un sage pilote qui ne s’arrête pas à considérer la violence des flots agités, mais qui ne pense qu’à conduire son vaisseau, et à suivre toutes les règles de son art. C’est ainsi que Jésus-Christ fait. Il voyait que c’était une chose honteuse, non que ses disciples ne jeûnassent pas, mais qu’ils reçussent une plaie mortelle du jeûne, et qu’ils en devinssent comme un vêtement qui se déchire, ou comme un vaisseau qui se rompt.
5. Apprenons donc par là, mes frères, les règles de la conduite que nous devons garder envers toutes les personnes de notre maison. Vous avez, je suppose, une femme qui aime le luxe, qui ne respire qu’après les parures de toutes sortes, telles que les couleurs appliquées sur le visage et autres de ce genre, qui se plonge dans les délices et, les voluptés, qui ne sait pas retenir sa .langue, qui est légère, sans esprit, sans jugement. Je sais qu’il est difficile qu’une seule femme réunisse tant de défauts; mais enfin supposons-en une dont ce soit là le portrait fidèle. Mais pourquoi, direz-vous, supposer une femme plutôt, qu’un homme?
Je n’ignore pas qu’il y a des hommes encore pires que cette femme telle que nous l’avons représentée. Mais puisque la supériorité a été départie à l’homme, c’est l’ordre même établi parDieu qui fait que je parle ici de la lemme, et ce n’est nullement que je croie de ce côté la malice plus grande. On voit même chez les hommes des crimes qui ne se commettent guère parmi les femmes, comme les meurtres, la violation des sépulcres et mille autres choses semblables. Ne croyez donc point que je vous propose ici les femmes par un mépris de ce sexe. Je vous déclare que je suis très-éloigné de cette pensée, et que je ne le fais que parce que je trouve cet exemple bien plus propre à mon sujet.
Supposons donc qu’une femme ait tous les défauts dont j’ai parlé, et que son mari fasse tous ses efforts pour la corriger. Quelle conduite doit-il garder dans ce dessein? Il faut que d’abord il ne lui ordonne pas trop de choses à la fois; qu’il commence par les plus aisées, et par celles où elle a le moins d’attache. Car si vous la voulez obliger à faire tout d’un coup tout ce que vous désirez d’elle, elle ne fera rien du tout. Ne commencez donc pas par vouloir la forcer à faire le sacrifice de ses parures d’or. Permettez-lui de s’en servir encore, puisqu’il y a moins de mal en cela qu’à se farder le visage par des couleurs empruntées.
Tâchez de retrancher cela d’abord, non point en usant de menaces ou de sévères réprimandes,.mais par des raisons douces et persuasives, en blâmant devant elle les autres personnes qui s’en servent, ou en témoignant dire simplement votre pensée et vos sentiments sur ce sujet. Qu’elle sache et qu’elle soit bien persuadée que ces visages fardés ne vous plaisent pas, et que vous n’avez que de l’aversion pour cette beauté peinte et contrefaite. Ne vous contentez pas de lui dire votre sentiment personnel; représentez-lui aussi la (249) pensée de ceux qui sont là-dessus d’accord avec vous. Dites-lui que ces poudres et que ces peintures gâtent le teint naturel, afin de la guérir de cette passion par l’amour même qu’elle a pour sa personne.
Ne lui parlez point encore de l’enfer ni du ciel, car ce serait un langage qu’elle n’entendrait pas. Dites-lui que vous prenez plus de plaisir à voir son visage tel que Dieu l’a fait, et qu’il n’y a point d’homme sage qui ne condamne et même qui ne trouve laides celles qui se déguisent ainsi le visage par des poudres et par des couleurs empruntées, pour forcer en quelque sorte la nature, et pour se donner ce qu’elles n’ont pas. Servez-vous de ces raisons communes et sensibles pour la guérir de cette maladie. Et après que vous lui aurez adouci l’esprit, et que vous la verrez plus susceptible des raisons spirituelles, vous pourrez aussi lui parler du péril où elle s’expose de se perdre pour jamais. Ne vous lassez point de lui redire ces choses. Si vous ne gagnez rien la première, la seconde ou la troisième fois, ne perdez pas courage. Continuez à lui faire les mêmes représentations sans aigreur, sans chaleur et sans aversion, mais avec amour et avec douceur, tantôt en lui parlant obligeamment, tantôt en lui témoignant quelque froideur, pourvu que ce soit pour revenir bientôt aux caresses et aux moyens agréables. Ne voyez-vous pas combien les peintres effacent de fois ce qu’ils ont fait, combien ils rappliquent de fois leurs couleurs pour former un beau visage ? Ne leur cédez pas en ce point. S’ils prennent tant de peine pour représenter une figure morte sur du bois ou sur de la toile, que ne devez-vous point faire pour retracer dans une âme l’image de Dieu ? Lorsqu’elle aura acquis cette beauté intérieure et spirituelle, vous ne la verrez plus farder et déshonorer son visage; elle ne rougira plus ses lèvres; elle n’ensanglantera plus sa bouche, comme un ours qui revient du carnage; elle ne noircira plus ses sourcils, et elle ne blanchira plus ses joues, se souvenant « de ces sépulcres blanchis » dont il est parlé dans l’Evangile. Car tous ces fards qui ne sont que du plâtre et de la poudre, nous représentent fort bien tout ce que nous ne voyons qu’avec horreur au fond des tombeaux.
6. Mais je ne sais comment je me suis laissé emporter insensiblement, et je m’aperçois que tout en vous portant à être doux, je ne le suis pas moi-même, et que je vous parle de la modération avec chaleur. Je reviens donc à ce que je vous disais, savoir, qu’on doit supporter d’abord les femmes dans leurs défauts pour les gagner peu à peu, et pour les faire entrer dans la disposition que l’on désire. Ne voyez-vous pas tous les jours avec quelle douceur les mères traitent leurs enfants lorsqu’elles les veulent sevrer? Ces enfants crient et pleurent sans cesse. Cependant elles font tout et elles souffrent tout pour gagner cette seule chose, qu’ils ne retournent plus à la mamelle. Imitez la douceur de cette conduite. Souffrez tout d’une femme, pourvu que vous obteniez d’elle qu’elle ne se serve plus de fard. Quand vous l’aurez gagnée sur ce point, vous passerez à un autre. Vous commencerez à lui parler doucement contre ces parures d’or qu’elle porte. En formant ainsi peu à peu votre femme dans la vertu, vous deviendrez devant Dieu un excellent peintre, un serviteur fidèle, et comme un jardinier habile qui a soin du champ qui lui a été confié.
Représentez-lui ces femmes illustres de l’Ancien Testament, Sara, Rébecca et les autres dont les unes, selon l’Ecriture, ont été très belles, et les autres ne l’étaient pas, mais qui ont toutes été également sages. Quoique Lia, l’une des femmes du patriarche Jacob, ne fût pas fort belle ni fort aimée de son mari, elle n’eut jamais recours au fard, ni à de semblables artifices, et sans jamais emprunter ces couleurs étrangères, elle voulut demeurer telle qu’elle était, sans altérer en rien l’ouvrage de Dieu et de la nature. Et cependant elle avait été élevée parmi des infidèles et des idolâtres. Mais vous qui avez été nourrie dans la foi et la connaissance du vrai Dieu, vous qui avez Jésus-Christ pour chef, oserez-vous bien chercher une beauté artificielle dans ces déguisements que le diable a inventés ? Ne vous souvenez-vous plus de cette eau divine du baptême, qui a lavé et consacré votre tête et votre visage; de cette chair du Sauveur qui a tant de fois sanctifié vos lèvres, et de ce sang adorable qui a rougi votre langue? Si vous n’aviez point oublié toutes ces grâces, il vous serait impossible de devenir ainsi idolâtre de votre visage, et toutes ces peintures de blanc et de rouge vous seraient insupportables. Considérez que Jésus-Christ est votre époux, que c’est pour lui que vous devez vous parer, et vous fuirez avec horreur ces embellissement (250) si honteux. Car Jésus-Christ n’aime point ces agréments faux et contrefaits. Il veut que ses épouses soient belles, mais d’une beauté véritable, je veux dire de la beauté spirituelle. C’est cette beauté que le Prophète vous avertit de conserver avec soin, lorsqu’il vous dit « Et le roi aimera votre beauté.» (Ps. XLIV,9.) Ne cherchons donc plus ces beautés étudiées aussi difformes qu’elles sont vaines. Les ouvrages de Dieu sont achevés. Il y a mis tout ce qui y doit être, et il n’a pas besoin de vous pour les réformer. Après qu’un excellent peintre a achevé le portrait de l’empereur, nul n’oserait y ajouter des couleurs étrangères, et cette audace ne serait pas impunie. Vous avez donc du respect pour l’ouvrage d’un homme, et vous osez altérer et corrompre l’ouvrage de Dieu? Vous ne vous souvenez plus qu’il y a un enfer? Vous ne tremblez point au souvenir de ses flammes? Vous oubliez même votre âme, et vous la traitez indignement sans en avoir aucun soin, parce que vous donnez tontes vos pensées et toutes vos affections à votre corps!
Mais j’ai tort de vous parler de votre âme, puisque vous ne traitez-pas mieux votre corps et qu’il lui arrive tout le contraire de ce que vous prétendez. Vous voulez paraître belle par ce fard, et il ne sert qu’à vous rendre laide. Vous voulez plaire à votre mari, et rien ne lui déplaît davantage; et non-seulement à lui, ruais à tout le monde. Vous voulez passer pour jeune, et vous en devenez plus vieille. Enfin vous voulez qu’on admire votre beauté, et tout le monde se moque de vous. Vous ne sauriez voir sans quelque honte, ni vos amies, et les personnes qui sont vos égales, ni même vos servantes et vos domestiques; et votre miroir même vous fait rougir.
Mais je ne veux point m’arrêter à ces raisons. Il y en a d’autres bien plus fortes et bien plus considérables. Car vous péchez contre Dieu ; vous perdez la pudeur qui est la gloire de votre sexe; vous allumez des flammes criminelles dans le coeur des hommes, et vous vous rendez semblable à ces victimes infâmes de l’impudicité publique. Pensez donc avec attention à tous ces avis que je vous donne, Méprisez à l’avenir ces ornements diaboliques. Renoncez à ces faux embellissements, ou plutôt à ces véritables laideurs, pour ne vous occuper plus que de cette beauté intérieure et invisible de l’âme, que les anges désirent; que Dieu aime, et qui sera précieuse et vénérable à ceux à qui vous êtes unie d’un lien sacré; afin qu’ayant passé cette vie dans une honnêteté vraiment chrétienne, vous passiez en l’autre dans la gloire qui vous est promise, dont je prie Dieu de nous faire jouir tous, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
COMMENTARY BY SAINT KYRELLOS I
THE 24th PATRIARCH OF ALEXANDRIA
http://www.tertullian.org/fathers/cyril_on_luke_02_sermons_12_25.htm
5:27. And He saw a publican named Levi.
For Levi was a publican, a man insatiable after filthy lucre, of unbridled covetousness, careless of justice in his eagerness after what was not his own; for such was the character of the publicans: yet was he snatched from the very workshop of iniquity, and saved beyond hope, at the call of Christ the Saviour of us all. For He said unto him, "Follow Me: and he left all and followed Him," Seest thou that most wise 85 Paul truly says, that "Christ came to save sinners?" Seest thou how the Only-begotten Word of God, having taken upon Him the flesh, transferred unto Himself the devil's goods?
COMMENTARY BY SAINT JOHN CHRYSOSTOM
http://www.bible.ca/history/fathers/NPNF1-10/npnf1-10-36.htm#P2999_983672
Homily XXX.
Matthew Chapter 9, Verse 9
Homily XXX.
Matthew Chapter 9, Verse 9
"And as Jesus passed forth from thence, He saw a man sitting at the receipt of custom,1 named Matthew; and He saith unto him, Follow me."
For when He had performed the miracle, He did not remain, lest, being in sight, He should kindle their jealousy the more; but He indulges them by retiring, and soothing their passion. This then let us also do, not encountering them that are plotting against us; let us rather soothe their wound, giving way and relaxing their vehemence.
But wherefore did He not call him together with Peter and John and the rest? As in their case He had come at that time, when He knew the men would obey Him; so Matthew also He then called when He was assured he would yield himself. And therefore Paul again He took, as a fisher his prey, after the resurrection. Because He who is acquainted with the hearts, and knows the secrets of each man's mind, knew also when each of these would obey. Therefore not at the beginning did He call him, when he was yet in rather a hardened state, but after His countless miracles, and the great fame concerning Him, when He knew him to have actually become more prepared for obedience.
And we have cause also to admire the self-denial2 of the evangelist, how he disguises not his own former life, but adds even his name, when the others had concealed him under another appellation.3
But why did he say he was "sitting at the receipt of custom?" To indicate the power of Him that called him, that it was not when he had left off or forsaken this wicked trade, but from the midst of the evils He drew him up; much as He converted the blessed Paul also when frantic and raging, and darting fire; which thing he himself makes a proof of the power of Him that called him, saying to the Galatians, "Ye have heard of my conversation in time past in the Jews' religion, how that beyond measure I persecuted the church of God."4 And the fishermen too He called when they were in the midst of their business. But that was a craft not indeed in bad report, but of men rather rudely bred, not mingling with. others, and endowed with great simplicity; whereas the pursuit now in question was one full of all insolence and boldness, and a mode of gain whereof no fair account could be given. a shameless traffic, a robbery under cloak of law: yet nevertheless He who uttered the call was ashamed of none of these things.
And why talk I of His not being ashamed of a publican? since even with regard to a harlot woman, so far from being ashamed to call her, He actually permitted her to kiss His feet, and to moisten them with her tears.5 Yea, for to this end He came, not to cure bodies only, but to heal likewise the wickedness of the soul. Which He did also in the case of the paralytic; and having shown clearly that He is able to forgive sins, then, not before, He comes to him whom we are now speaking of; that they might no more be troubled at seeing a publican chosen into the choir of the disciples. For He that hath power to undo all our offenses, why marvel if He even make this man an apostle?
But as thou hast seen the power of Him that called, so consider also the obedience of him that was called: how he neither resisted, nor disputing said, "What is this? Is it not indeed a deceitful calling, wherewith He calls me, being such as I am?" nay; for this humility again had been out of season: but he obeyed straightway, and did not even request to go home, and to communicate with his relations concerning this matter; as neither indeed did the fishermen; but as they left their net and their ship and their father, so did he his receipt of custom and his gain, and followed, exhibiting a mind prepared for all things; and breaking himself at once away from all worldly things, by his complete obedience he bare witness that He who called him had chosen a good time.
And wherefore can it be, one may say, that he hath not told us of the others also, how and in what manner they were called; but only of Peter and James, and John and Philip, and nowhere of the others?6
Because these more than others were in so strange and mean ways of life. For there is nothing either worse than the publican's business, or more ordinary than fishing. And that Philip also was among the very ignoble, is manifest from his country. Therefore these especially they proclaim to us, with their ways of life, to show that we ought to believe them in the glorious parts of their histories also. For they who choose not to pass by any of the things which are accounted reproachful, but are exact in publishing these more than the rest, whether they relate to the Teacher or to the disciples; how can they be suspected in the parts which claim reverence? more especially since many signs and miracles are passed over by them, while the events of the cross, accounted to be reproaches, they utter with exact care and loudly; and the disciples' pursuits too, and their faults, and those of their Master's ancestry who were notorious for sins,7 they discover with a clear voice. Whence it is manifest that they made much account of truth, and wrote nothing for favor, nor for display.
a. Having therefore called him, He also honored him with a very great honor by partaking straightway of his table; for in this way He would both give him good hope for the future, and lead him on to a greater confidence.8 For not in a long time, but at once, He healed his vice. And not with him only doth He sit down to meat, but with many others also; although this very thing was accounted a charge against Him, that He chased not away the sinners. But neither do they conceal this point, what sort of blame is endeavored to be fixed on His proceedings.
Now the publicans come together as to one of the same trade; for he, exulting9 in the entrance of Christ, had called them all together. The fact is, Christ used to try every kind of treatment; and not when discoursing only, nor when healing, nor when reproving His enemies, but even at His morning meal, He would often correct such as were in a bad way; hereby teaching us, that every season and every work may by possibility afford us profit. And yet surely what was then set before them came of injustice and covetousness; but Christ refused not to partake of it, because the ensuing gain was to be great: yea rather He becomes partaker of the same roof and table with them that have committed such offenses. For such is the quality of a physician; unless he endure the corruption of the sick. he frees them not from their infirmity.
And yet undoubtedly He incurred hence an evil report: first by eating with him, then in Matthew's house, and thirdly, in company with many publicans. See at least how they reproach Him with this. "Behold a man gluttonous, and a wine-bibber, a friend of publicants and sinners."10
Let them hear, as many as are striving to deck themselves with great honor for fasting, and let them consider that our Lord was called "a man gluttonous and a winebibber," and He was not ashamed, but overlooked all these things, that he might accomplish what He had set before him; which indeed was accordingly done. For the publican was actually converted, and thus became a better man.
And to teach thee that this great thing was wrought by his partaking of the table with Him, hear what Zacch'us saith, another publican. I mean, when he heard Christ saying, "To-day, I must abide in thy house," the delight gave him wings, and he saith, "The half of my goods I give to the poor, and if I have taken anything from any man by false accusation, I restore him fourfold."11 And to him Jesus saith, "This day is salvation come to this house." So possible is it by all ways to give instruction.
But how is it, one may say, that Paul commands, "If any man that is called a brother be a fornicator or covetous, with such an one no, not to eat?"12 In the first place, it is not as yet manifest, whether to teachers also he gives this charge, and not rather to brethren only. Next, these were not yet of the number of the perfect,13 nor of those who had become brethren. And besides, Paul commands, even with respect to them that had become brethren, then to shrink from them, when they continue as they were, but these had now ceased, and were converted.
3. But none of these things shamed the Pharisees, but they accuse Him to His disciples, saying,
"Why eateth your Master with publicans and sinners?"14
And when the disciples seem to be doing wrong, they intercede with Him, saying, "Behold thy disciples do that which is not lawful to do on the sabbath-day;"15 but here to them they discredit Him. All which was the part of men dealing craftily, and wishing to separate from the Master the choir of the disciples. What then saith Infinite Wisdom?
"They that be whole need not a physician," saith He, "but they that are sick."16
See how He turned their reasoning to the opposite conclusion. That is, while they made it a charge against Him that He was in company with these men: He on the contrary saith, that His not being with them would be unworthy of Him, and of His love of man; and that to amend such persons is not only blameless, but excellent, and necessary, and deserving of all sorts of praise.
After this, that He might not seem to put them that were bidden to shame, by saying, "they that are sick;" see how He makes up for it again, by reproving the others, and saying,
"Go ye and learn what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice."17
Now this He said, to upbraid them with their ignorance of the Scriptures. Wherefore also He orders His discourse more sharply, not Himself in anger, far from it; but so as that the publicans might not be in utter perplexity.
And yet of course He might say, "Did ye not mark, how I remitted the sins of the sick of the palsy, how I braced up his body?" But He saith no such thing, but argues with them first from men's common reasonings, and then from the Scriptures. For having said, "They that be whole need not a physician, but they that are sick;" and having covertly indicated that He Himself was the Physician; after that He said, "Go ye and learn what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice." Thus doth Paul also: when he had first established his reasoning by illustrations from common things, and had said, "Who feedeth a flock, and eateth not of the milk thereof?"18 then he brings in the Scriptures also, saying, "It is written in the law of Moses, Thou shall not muzzle the ox that treadeth out the corn;"19 and again, "Even so hath the Lord ordained, that they which preach the gospel should live of the gospel."20
But to His disciples not so, but He puts them in mind of His signs, saying on this wise, "Do ye not yet remember the five loaves of the five thousand, and how many baskets ye took up?"21 Not so however with these, but He reminds them of our common infirmity, and signifies them at any rate to be of the number of the infirm; who did not so much as know the Scriptures, but making light of the rest of virtue, laid all the stress on their sacrifices; which thing He is also earnestly intimating unto them, when He sets down in brief what had been affirmed by all the prophets,22 saying, "Learn ye what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice."
The fact is, He is signifying hereby that not He was transgressing the law, but they; as if He had said, "Wherefore accuse me? Because I bring sinners to amendment? Why then ye must accuse the Father also for this." Much as He said also elsewhere, establishing this point: "My Father worketh hitherto, and I work:"23 so here again, "Go ye and learn what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice." "For as this is His will, saith Christ, so also mine." Seest thou how the one is superfluous, the other necessary? For neither did He say, "I will have mercy, and sacrifice," but, "I will have mercy, and not sacrifice." That is, the one thing He allowed, the other He cast out; and proved that what they blamed, so far from being forbidden, was even ordained by the law, and more so than sacrifice; and He brings in the Old Testament, speaking words and ordaining laws in harmony with Himself.
Having then reproved them, both by common illustrations and by the Scriptures, He adds again,
"I am not come to call righteous men, but sinners to repentance."24
And this He saith unto them in irony; as when He said, "Behold, Adam is become as one of us;"25 and again, "If I were hungry, I would not tell thee."26 For that no man on earth was righteous, Paul declared, saying, "For all have sinned, and come short of the glory of God."27 And by this too the others were comforted, I mean, the guests. "Why, I am so far," saith He, "from loathing sinners, that even for their sakes only am I come." Then, lest He should make them more careless, He staid not at the word "sinners," but added, "unto repentance." "For I am not come that they should continue sinners, but that they should alter, and amend."
4. He then having stopped their mouths every way, as well from the Scriptures as from the natural consequence of things; and they having nothing to say, proved as they were obnoxious to the charges which they had brought against Him, and adversaries of the law and the Old Testament; they leave Him, and again transfer their accusation to the disciples.
And Luke indeed affirms that the Pharisees said it, but this evangelist, that it was the disciples of John;28 but it is likely that both said it. That is, they being, as might be expected, in utter perplexity, take the other sort with them; as they did afterwards with the Herodians likewise. Since in truth John's disciples were always disposed to be jealous of Him, and reasoned against Him: being then only humbled, when first John abode in the prison. They came at least then, "and told Jesus;"29 but afterwards they returned to their former envy.
Now what say they? "Why do we and the Pharisees fast oft, but thy disciples fast not?"30
This is the disease, which Christ long before was eradicating, in the words, "When thou fastest, anoint thy head, and wash thy face;"31 foreknowing the evils that spring therefrom. But yet He doth not rebuke even these, nor say, "O ye vainglorious and over-busy;" but He discourses to them with all gentleness, saying, "The children of the bride-chamber cannot fast, as long as the bridegroom is with them."32 Thus, when others were to be spoken for, the publicans I mean, to soothe their wounded soul, He was more severe in His reproof of their revilers; but when they were deriding Himself and His disciples, He makes His reply with all gentleness.
Now their meaning is like this; "Granted," say they, "Thou doest this as a physician; why do Thy disciples also leave fasting, and cleave to such tables?" Then, to make the accusation heavier, they put themselves first, and then the Pharisees; wishing by the comparison to aggravate the charge. For indeed "both we," it is said, "and the Pharisees, fast oft." And in truth they did fast, the one having learnt it from John, the other from the law; even as also the Pharisee said, "I fast twice in the week."33
What then saith Jesus? "Can the children of the bridechamber fast, while the bridegroom is with them." Before, He called Himself a physician, but here a bridegroom; by these names revealing His unspeakable mysteries. Yet of course He might have told them, more sharply, "These things depend not on you, that you should make such laws. For of what use is fasting, when the mind is full of wickedness; when ye blame others, when ye condemn them, bearing about beams in your eyes, and do all for display? Nay, before all this ye ought to have cast out vainglory, to be proficients in all the other duties, in charity, meekness, brotherly love." However, nothing of this kind doth He say, but with all gentleness, "The children of the bridechamber cannot fast, so long as the bridegroom is with them;" recalling to their mind John's words, when he said, "He that hath the bride, is the bridegroom, but the friend of the bridegroom, which standeth and heareth Him, rejoiceth greatly because of the bridegroom's voice."34
Now His meaning is like this: The present time is of joy and gladness, therefore do not bring in the things which are melancholy. For fasting is a melancholy thing, not in its own nature, but to them that are yet in rather a feeble state; for to those at least that are willing to practise self-command, the observance is exceedingly pleasant and desirable. For as when the body is in health, the spirits are high,35 so when the soul is well conditioned, the pleasure is greater. But according to their previous impression He saith this. So also Isaiah,36 discoursing of it, calls it "an affliction of the soul;" and Moses too in like manner.
Not however by this only doth He stop their mouths, but by another topic also, saying,
"Days will come, when the bridegroom shall be taken from them, and then shall they fast."37
For hereby He signifies, that what they did was not of gluttony, but pertained to some marvellous dispensation. And at the same time He lays beforehand the foundation of what He was to say touching His passion, in His controversies with others instructing His disciples, and training them now to be versed in the things which are deemed sorrowful. Because for themselves already to have this said to them, would have been grievous and galling, since we know that afterwards, being uttered, it troubled them;38 but spoken to others, it would become rather less intolerable to them.
It being also natural for them to pride themselves on John's calamity, He from this topic represses likewise such their elation: the doctrine however of His resurrection He adds not yet, it not being yet time. For so much indeed was natural, that one supposed to be a man should die, but that other was beyond nature.
5. Then what He had done before, this He doth here again. I mean, that as He, when they were attempting to prove Him blameable for eating with sinners, proved to them on the contrary, that His proceeding was not only no blame, but an absolute praise to Him: so here too, when they wanted to show of Him, that He knows not how to manage His disciples, He signifies that such language was the part of men not knowing how to manage their inferences,39 but finding fault at random.
"For no man," saith He, putteth a piece of new cloth unto an old garment."40
He is again establishing His argument by illustrations from common life. And what He saith is like this, "The disciples have not yet become strong, but still need much condescension. They have not yet been renewed by the Spirit, and on persons in that state one ought not to lay any burden of injunctions."
And these things He said, setting laws and rules for His own disciples, that when they should have to receive as disciples those of all sorts that should come from the whole world, they might deal with them very gently.
"Neither do men put new wine into old bottles."41
Seest thou His illustrations, how like the Old Testament? the garment? the wine skins? For Jeremiah too calls the people "a girdle," and makes mention again of "bottles" and of "wine."42 Thus, the discourse being about gluttony and a table, He takes His illustrations from the same.
But Luke43 adds something more, that the new also is rent, if thou put it upon the old. Seest thou that so far from any advantage taking place, rather the mischief is increased?
And while He speaks of the present, He foretells also the future; as that they shall hereafter be new but until that come to pass, nothing austere and grievous ought to be imposed on them. For he, saith Christ, that seeks to instill the high doctrines before the proper time, thenceforth not even when the time calls will he find them to his purpose, having once for all made them unprofitable. And this comes to pass not by any fault of the wine, nor of the deceivers, but from the unseasonable act of them that put it in.
Hereby He hath taught us also the cause of those Lowly expressions, which He was continually using in discourse with them. That is, by reason of their infirmity He said many things very short of His proper dignity: which John also pointing out, relates Him to have said, "I have many things to say unto you, but ye cannot bear them now."44 Here, that they might not suppose those things only to be which He had spoken, but might imagine to themselves others also, and far greater; He set before them their own infirmity, with a promise that when they should have become strong, He would tell them also the rest; which thing He saith here too, "Days will come, when the bridegroom shall be taken from them, and then shall they fast."
6. Therefore neither let us require all things of all men in the beginning, but so much as is possible; and soon shall we have made our way to the rest. But if thou art urgent and in haste, for this very cause I bid thee urge not, because thou art in haste. And if the saying seem to thee a riddle, learn it from the very nature of the things, and then wilt thou see the whole force thereof.
And let none move thee of those who find fault unseasonably; since here too the censurers were Pharisees, and the reproached, disciples; nevertheless, none of these things persuaded Christ to reverse His judgment, neither did He say, "it is a shame for these to fast, and for those not to fast." But as the perfect pilot heeds not the troubled waves, but his own art; so at that time did Christ. For in truth it was a shame, not that they should forbear fasting, but that on account of the fast they should be wounded in vital points, and be cut off, and broken away.
These things then let us also bear in mind, and treat accordingly all those that belong to us. Yea, if thou have a wife fond of dress, gaping and eager after modes of painting the face, and dissolved in great luxury, and talkative, and foolish (although it is not of course possible that all these should concur in one woman; however let us frame in our discourse a woman of that sort).
"Why then is it," some one may say, "that thou fashionest a woman, and not a man?" There are men too worse than this woman. But forasmuch as the authority is intrusted to men, we accordingly are framing a woman, for the present, not as though vice more abounded in them. For there are many things to be found in men also, which are not amongst women; as for instance man-slaying, breaking open of tombs, fighting with wild beasts, and many such like things. Think not therefore that we do this as undervaluing the sex; it is not, it is not this, but thus it was convenient at present to sketch out the picture.
Let us then suppose such a woman, and let her husband endeavor in every way to reform her. How then shall he reform her? Not by enjoining all at once, but the easier things first, and in matters by which she is not vehemently possessed. For if thou hasten to reform her entirely at the beginning, thou hast ruined all. Do not accordingly take off her golden ornaments at once, but let her have them, and wear them for a time, for this seems a less evil than her paintings and shadings. Let these therefore be first taken away, and not even these by fear and threatening, but by persuasion and mildness, and by blaming of others, and by your own opinion and judgment. And tell her continually, that to thee a countenance so decked up is not lovely, but rather in a high degree unpleasing, and persuade her above all things that this vexes thee. And after thine own suffrage, bring in also the judgment expressed by others, and say that even beautiful women are wont to be disfigured by this; that thou mayest root out the passion. And say nothing yet of hell, or of the kingdom, for thou wilt talk of these things in vain: but persuade her that she pleases thee more by displaying the work of God undisguised; but she who tortures, and strains, and daubs her countenance, doth not even to people in general appear fair and beautiful. And first by common reasonings and the suffrages of all men expel the pest, and when thou hast softened her down by these words, add also the other considerations. And though thou shouldest speak once and not persuade her, do not grow weary of pouring in ú the same words, a second and a third time and often; not however in a wearisome kind of way, but sportively, and do thou now turn from her, now flatter and court her.
Seest thou not the painters, how much they rub out, how much they insert, when they are making a beautiful portrait? Well then, do not thou prove inferior to these. For if these, in drawing the likeness of a body, used such great diligence, how much more were it meet for us, in fashioning a soul, to use every contrivance. For if thou shouldest fashion well the form of this soul, thou wilt not see the countenance of the body looking unseemly, nor lips stained, nor a mouth like a bear's mouth dyed with blood, nor eyebrows blackened as with the smut of some kitchen vessel, nor cheeks whitened with dust like the walls of the tombs. For all these things are smut, and cinders, and dust, and signals of extreme deformity.
But stay: I have been led on unobserving, I know not how, into these expressions; and while admonishing another to teach with gentleness, I have been myself hurried away45 into wrath. Let us return therefore again unto the more gentle way of admonition, and let us bear with all the faults of our wives, that we may succeed in doing what we would. Seest thou not how we bear with the cries of children, when we would wean them from the breast, how we endure all for this object only, that we may persuade them to despise their former food? Thus let us do in this case also, let us bear with all the rest, that we may accomplish this. For when this hath been amended, thou wilt see the other too proceeding in due order, and thou wilt come again unto the ornaments of gold, and in the same way wilt reason concerning them likewise, and thus by little and little bringing thy wife unto the right rule, thou wilt be a beautiful painter, a faithful servant, an excellent husbandman.
Together with these things remind her also of the women of old, of Sarah, of Rebecca, both of the fair and of them that were not so, and point out how all equally practised modesty. For even Leah, the wife of the patriarch, not being fair, was not constrained to devise any such thing, but although she were uncomely, and not very much beloved by her husband, she neither devised any such thing, nor marred her countenance, but continued to preserve the lineaments thereof undisfigured, and this though brought up by Gentiles.46
But thou that art a believing woman, thou that hast Christ for thine head, art thou bringing in upon us a satanic art? And dust thou not call to mind the water that dashed over thy countenance, the sacrifice that adorns thy lips, the blood that hath reddened thy tongue? For if thou wouldest consider all these things, though thou wert fond of dress to the ten thousandth degree, thou wilt not venture nor endure to put upon thee that dust and those cinders. Learn that thou hast been joined unto Christ, and refrain from this unseemliness. For neither is He delighted with these colorings, but He seeks after another beauty, of which He is in an exceeding degree a lover, I mean, that in the soul. This the prophet likewise hath charged thee to cherish, and hath said, "So shall the King have pleasure in thy beauty."47
Let us not therefore be curious in making ourselves unseemly. For neither is any one of God's works imperfect, nor doth it need to be set right by thee. For not even if to an image of the emperor, after it was set up, any one were to seek to add his own work, would the attempt be safe, but he will incur extreme danger. Well then, man works and thou addest not; but doth God work, and dust thou amend it? And dust thou not consider the fire of hell? Dust thou not consider the destitution of thy soul? For on this account it is neglected, because all thy care is wasted on the flesh.
But why do I speak of the soul? For to the very flesh everything falls out contrary to what ye have sought. Consider it. Dust thou wish to appear beautiful? This shows thee uncomely. Dust thou wish to please thy husband? This rather grieves him; and causes not him only, but strangers also, to become thine accusers. Wouldest thou appear young? This will quickly bring thee to old age. Wouldest thou wish to array thyself honorably? This makes thee to be ashamed. For such an one is ashamed not only before those of her own rank, but even those of her maids who are in her secret, and those of her servants who know; and, above all, before herself.
But why need I say these things? For that which is more grievous than all I have now omitted, namely, that thou dust offend God; thou underminest modesty, kindlest the flame of jealousy, emulalest the harlot women at their brothel.
All these things then consider, ye women, and laugh to scorn the pomp of Satan and the craft of the devil; and letting go this adorning, or rather disfiguring, cultivate that beauty in your own souls which is lovely even to angels and desired of God, and delightful to your husbands; that ye may attain both attain, by the grace and love towards man of unto present glory, and unto that which is to our Lord Jesus Christ, to whom be glory and come. To which God grant that we may all might forever and ever. Amen.
EXPLANATION BY SAINT JOHN CHRYSOSTOM
http://www.tertullian.org/fathers2/NPNF1-10/npnf1-10-36.htm#P2999_983672
Homily XXX.
Matthew Chapter 9, Verse 9
Homily XXX.
Matthew Chapter 9, Verse 9
"And as Jesus passed forth from thence, He saw a man sitting at the receipt of custom,1 named Matthew; and He saith unto him, Follow me."
For when He had performed the miracle, He did not remain, lest, being in sight, He should kindle their jealousy the more; but He indulges them by retiring, and soothing their passion. This then let us also do, not encountering them that are plotting against us; let us rather soothe their wound, giving way and relaxing their vehemence.
But wherefore did He not call him together with Peter and John and the rest? As in their case He had come at that time, when He knew the men would obey Him; so Matthew also He then called when He was assured he would yield himself. And therefore Paul again He took, as a fisher his prey, after the resurrection. Because He who is acquainted with the hearts, and knows the secrets of each man's mind, knew also when each of these would obey. Therefore not at the beginning did He call him, when he was yet in rather a hardened state, but after His countless miracles, and the great fame concerning Him, when He knew him to have actually become more prepared for obedience.
And we have cause also to admire the self-denial2 of the evangelist, how he disguises not his own former life, but adds even his name, when the others had concealed him under another appellation.3
But why did he say he was "sitting at the receipt of custom?" To indicate the power of Him that called him, that it was not when he had left off or forsaken this wicked trade, but from the midst of the evils He drew him up; much as He converted the blessed Paul also when frantic and raging, and darting fire; which thing he himself makes a proof of the power of Him that called him, saying to the Galatians, "Ye have heard of my conversation in time past in the Jews' religion, how that beyond measure I persecuted the church of God."4 And the fishermen too He called when they were in the midst of their business. But that was a craft not indeed in bad report, but of men rather rudely bred, not mingling with. others, and endowed with great simplicity; whereas the pursuit now in question was one full of all insolence and boldness, and a mode of gain whereof no fair account could be given. a shameless traffic, a robbery under cloak of law: yet nevertheless He who uttered the call was ashamed of none of these things.
And why talk I of His not being ashamed of a publican? since even with regard to a harlot woman, so far from being ashamed to call her, He actually permitted her to kiss His feet, and to moisten them with her tears.5 Yea, for to this end He came, not to cure bodies only, but to heal likewise the wickedness of the soul. Which He did also in the case of the paralytic; and having shown clearly that He is able to forgive sins, then, not before, He comes to him whom we are now speaking of; that they might no more be troubled at seeing a publican chosen into the choir of the disciples. For He that hath power to undo all our offenses, why marvel if He even make this man an apostle?
But as thou hast seen the power of Him that called, so consider also the obedience of him that was called: how he neither resisted, nor disputing said, "What is this? Is it not indeed a deceitful calling, wherewith He calls me, being such as I am?" nay; for this humility again had been out of season: but he obeyed straightway, and did not even request to go home, and to communicate with his relations concerning this matter; as neither indeed did the fishermen; but as they left their net and their ship and their father, so did he his receipt of custom and his gain, and followed, exhibiting a mind prepared for all things; and breaking himself at once away from all worldly things, by his complete obedience he bare witness that He who called him had chosen a good time.
And wherefore can it be, one may say, that he hath not told us of the others also, how and in what manner they were called; but only of Peter and James, and John and Philip, and nowhere of the others?6
Because these more than others were in so strange and mean ways of life. For there is nothing either worse than the publican's business, or more ordinary than fishing. And that Philip also was among the very ignoble, is manifest from his country. Therefore these especially they proclaim to us, with their ways of life, to show that we ought to believe them in the glorious parts of their histories also. For they who choose not to pass by any of the things which are accounted reproachful, but are exact in publishing these more than the rest, whether they relate to the Teacher or to the disciples; how can they be suspected in the parts which claim reverence? more especially since many signs and miracles are passed over by them, while the events of the cross, accounted to be reproaches, they utter with exact care and loudly; and the disciples' pursuits too, and their faults, and those of their Master's ancestry who were notorious for sins,7 they discover with a clear voice. Whence it is manifest that they made much account of truth, and wrote nothing for favor, nor for display.
a. Having therefore called him, He also honored him with a very great honor by partaking straightway of his table; for in this way He would both give him good hope for the future, and lead him on to a greater confidence.8 For not in a long time, but at once, He healed his vice. And not with him only doth He sit down to meat, but with many others also; although this very thing was accounted a charge against Him, that He chased not away the sinners. But neither do they conceal this point, what sort of blame is endeavored to be fixed on His proceedings.
Now the publicans come together as to one of the same trade; for he, exulting9 in the entrance of Christ, had called them all together. The fact is, Christ used to try every kind of treatment; and not when discoursing only, nor when healing, nor when reproving His enemies, but even at His morning meal, He would often correct such as were in a bad way; hereby teaching us, that every season and every work may by possibility afford us profit. And yet surely what was then set before them came of injustice and covetousness; but Christ refused not to partake of it, because the ensuing gain was to be great: yea rather He becomes partaker of the same roof and table with them that have committed such offenses. For such is the quality of a physician; unless he endure the corruption of the sick. he frees them not from their infirmity.
And yet undoubtedly He incurred hence an evil report: first by eating with him, then in Matthew's house, and thirdly, in company with many publicans. See at least how they reproach Him with this. "Behold a man gluttonous, and a wine-bibber, a friend of publicants and sinners."10
Let them hear, as many as are striving to deck themselves with great honor for fasting, and let them consider that our Lord was called "a man gluttonous and a winebibber," and He was not ashamed, but overlooked all these things, that he might accomplish what He had set before him; which indeed was accordingly done. For the publican was actually converted, and thus became a better man.
And to teach thee that this great thing was wrought by his partaking of the table with Him, hear what Zacch'us saith, another publican. I mean, when he heard Christ saying, "To-day, I must abide in thy house," the delight gave him wings, and he saith, "The half of my goods I give to the poor, and if I have taken anything from any man by false accusation, I restore him fourfold."11 And to him Jesus saith, "This day is salvation come to this house." So possible is it by all ways to give instruction.
But how is it, one may say, that Paul commands, "If any man that is called a brother be a fornicator or covetous, with such an one no, not to eat?"12 In the first place, it is not as yet manifest, whether to teachers also he gives this charge, and not rather to brethren only. Next, these were not yet of the number of the perfect,13 nor of those who had become brethren. And besides, Paul commands, even with respect to them that had become brethren, then to shrink from them, when they continue as they were, but these had now ceased, and were converted.
3. But none of these things shamed the Pharisees, but they accuse Him to His disciples, saying,
"Why eateth your Master with publicans and sinners?"14
And when the disciples seem to be doing wrong, they intercede with Him, saying, "Behold thy disciples do that which is not lawful to do on the sabbath-day;"15 but here to them they discredit Him. All which was the part of men dealing craftily, and wishing to separate from the Master the choir of the disciples. What then saith Infinite Wisdom?
"They that be whole need not a physician," saith He, "but they that are sick."16
See how He turned their reasoning to the opposite conclusion. That is, while they made it a charge against Him that He was in company with these men: He on the contrary saith, that His not being with them would be unworthy of Him, and of His love of man; and that to amend such persons is not only blameless, but excellent, and necessary, and deserving of all sorts of praise.
After this, that He might not seem to put them that were bidden to shame, by saying, "they that are sick;" see how He makes up for it again, by reproving the others, and saying,
"Go ye and learn what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice."17
Now this He said, to upbraid them with their ignorance of the Scriptures. Wherefore also He orders His discourse more sharply, not Himself in anger, far from it; but so as that the publicans might not be in utter perplexity.
And yet of course He might say, "Did ye not mark, how I remitted the sins of the sick of the palsy, how I braced up his body?" But He saith no such thing, but argues with them first from men's common reasonings, and then from the Scriptures. For having said, "They that be whole need not a physician, but they that are sick;" and having covertly indicated that He Himself was the Physician; after that He said, "Go ye and learn what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice." Thus doth Paul also: when he had first established his reasoning by illustrations from common things, and had said, "Who feedeth a flock, and eateth not of the milk thereof?"18 then he brings in the Scriptures also, saying, "It is written in the law of Moses, Thou shall not muzzle the ox that treadeth out the corn;"19 and again, "Even so hath the Lord ordained, that they which preach the gospel should live of the gospel."20
But to His disciples not so, but He puts them in mind of His signs, saying on this wise, "Do ye not yet remember the five loaves of the five thousand, and how many baskets ye took up?"21 Not so however with these, but He reminds them of our common infirmity, and signifies them at any rate to be of the number of the infirm; who did not so much as know the Scriptures, but making light of the rest of virtue, laid all the stress on their sacrifices; which thing He is also earnestly intimating unto them, when He sets down in brief what had been affirmed by all the prophets,22 saying, "Learn ye what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice."
The fact is, He is signifying hereby that not He was transgressing the law, but they; as if He had said, "Wherefore accuse me? Because I bring sinners to amendment? Why then ye must accuse the Father also for this." Much as He said also elsewhere, establishing this point: "My Father worketh hitherto, and I work:"23 so here again, "Go ye and learn what that meaneth, I will have mercy, and not sacrifice." "For as this is His will, saith Christ, so also mine." Seest thou how the one is superfluous, the other necessary? For neither did He say, "I will have mercy, and sacrifice," but, "I will have mercy, and not sacrifice." That is, the one thing He allowed, the other He cast out; and proved that what they blamed, so far from being forbidden, was even ordained by the law, and more so than sacrifice; and He brings in the Old Testament, speaking words and ordaining laws in harmony with Himself.
Having then reproved them, both by common illustrations and by the Scriptures, He adds again,
"I am not come to call righteous men, but sinners to repentance."24
And this He saith unto them in irony; as when He said, "Behold, Adam is become as one of us;"25 and again, "If I were hungry, I would not tell thee."26 For that no man on earth was righteous, Paul declared, saying, "For all have sinned, and come short of the glory of God."27 And by this too the others were comforted, I mean, the guests. "Why, I am so far," saith He, "from loathing sinners, that even for their sakes only am I come." Then, lest He should make them more careless, He staid not at the word "sinners," but added, "unto repentance." "For I am not come that they should continue sinners, but that they should alter, and amend."
4. He then having stopped their mouths every way, as well from the Scriptures as from the natural consequence of things; and they having nothing to say, proved as they were obnoxious to the charges which they had brought against Him, and adversaries of the law and the Old Testament; they leave Him, and again transfer their accusation to the disciples.
And Luke indeed affirms that the Pharisees said it, but this evangelist, that it was the disciples of John;28 but it is likely that both said it. That is, they being, as might be expected, in utter perplexity, take the other sort with them; as they did afterwards with the Herodians likewise. Since in truth John's disciples were always disposed to be jealous of Him, and reasoned against Him: being then only humbled, when first John abode in the prison. They came at least then, "and told Jesus;"29 but afterwards they returned to their former envy.
Now what say they? "Why do we and the Pharisees fast oft, but thy disciples fast not?"30
This is the disease, which Christ long before was eradicating, in the words, "When thou fastest, anoint thy head, and wash thy face;"31 foreknowing the evils that spring therefrom. But yet He doth not rebuke even these, nor say, "O ye vainglorious and over-busy;" but He discourses to them with all gentleness, saying, "The children of the bride-chamber cannot fast, as long as the bridegroom is with them."32 Thus, when others were to be spoken for, the publicans I mean, to soothe their wounded soul, He was more severe in His reproof of their revilers; but when they were deriding Himself and His disciples, He makes His reply with all gentleness.
Now their meaning is like this; "Granted," say they, "Thou doest this as a physician; why do Thy disciples also leave fasting, and cleave to such tables?" Then, to make the accusation heavier, they put themselves first, and then the Pharisees; wishing by the comparison to aggravate the charge. For indeed "both we," it is said, "and the Pharisees, fast oft." And in truth they did fast, the one having learnt it from John, the other from the law; even as also the Pharisee said, "I fast twice in the week."33
What then saith Jesus? "Can the children of the bridechamber fast, while the bridegroom is with them." Before, He called Himself a physician, but here a bridegroom; by these names revealing His unspeakable mysteries. Yet of course He might have told them, more sharply, "These things depend not on you, that you should make such laws. For of what use is fasting, when the mind is full of wickedness; when ye blame others, when ye condemn them, bearing about beams in your eyes, and do all for display? Nay, before all this ye ought to have cast out vainglory, to be proficients in all the other duties, in charity, meekness, brotherly love." However, nothing of this kind doth He say, but with all gentleness, "The children of the bridechamber cannot fast, so long as the bridegroom is with them;" recalling to their mind John's words, when he said, "He that hath the bride, is the bridegroom, but the friend of the bridegroom, which standeth and heareth Him, rejoiceth greatly because of the bridegroom's voice."34
Now His meaning is like this: The present time is of joy and gladness, therefore do not bring in the things which are melancholy. For fasting is a melancholy thing, not in its own nature, but to them that are yet in rather a feeble state; for to those at least that are willing to practise self-command, the observance is exceedingly pleasant and desirable. For as when the body is in health, the spirits are high,35 so when the soul is well conditioned, the pleasure is greater. But according to their previous impression He saith this. So also Isaiah,36 discoursing of it, calls it "an affliction of the soul;" and Moses too in like manner.
Not however by this only doth He stop their mouths, but by another topic also, saying,
"Days will come, when the bridegroom shall be taken from them, and then shall they fast."37
For hereby He signifies, that what they did was not of gluttony, but pertained to some marvellous dispensation. And at the same time He lays beforehand the foundation of what He was to say touching His passion, in His controversies with others instructing His disciples, and training them now to be versed in the things which are deemed sorrowful. Because for themselves already to have this said to them, would have been grievous and galling, since we know that afterwards, being uttered, it troubled them;38 but spoken to others, it would become rather less intolerable to them.
It being also natural for them to pride themselves on John's calamity, He from this topic represses likewise such their elation: the doctrine however of His resurrection He adds not yet, it not being yet time. For so much indeed was natural, that one supposed to be a man should die, but that other was beyond nature.
5. Then what He had done before, this He doth here again. I mean, that as He, when they were attempting to prove Him blameable for eating with sinners, proved to them on the contrary, that His proceeding was not only no blame, but an absolute praise to Him: so here too, when they wanted to show of Him, that He knows not how to manage His disciples, He signifies that such language was the part of men not knowing how to manage their inferences,39 but finding fault at random.
"For no man," saith He, putteth a piece of new cloth unto an old garment."40
He is again establishing His argument by illustrations from common life. And what He saith is like this, "The disciples have not yet become strong, but still need much condescension. They have not yet been renewed by the Spirit, and on persons in that state one ought not to lay any burden of injunctions."
And these things He said, setting laws and rules for His own disciples, that when they should have to receive as disciples those of all sorts that should come from the whole world, they might deal with them very gently.
"Neither do men put new wine into old bottles."41
Seest thou His illustrations, how like the Old Testament? the garment? the wine skins? For Jeremiah too calls the people "a girdle," and makes mention again of "bottles" and of "wine."42 Thus, the discourse being about gluttony and a table, He takes His illustrations from the same.
But Luke43 adds something more, that the new also is rent, if thou put it upon the old. Seest thou that so far from any advantage taking place, rather the mischief is increased?
And while He speaks of the present, He foretells also the future; as that they shall hereafter be new but until that come to pass, nothing austere and grievous ought to be imposed on them. For he, saith Christ, that seeks to instill the high doctrines before the proper time, thenceforth not even when the time calls will he find them to his purpose, having once for all made them unprofitable. And this comes to pass not by any fault of the wine, nor of the deceivers, but from the unseasonable act of them that put it in.
Hereby He hath taught us also the cause of those Lowly expressions, which He was continually using in discourse with them. That is, by reason of their infirmity He said many things very short of His proper dignity: which John also pointing out, relates Him to have said, "I have many things to say unto you, but ye cannot bear them now."44 Here, that they might not suppose those things only to be which He had spoken, but might imagine to themselves others also, and far greater; He set before them their own infirmity, with a promise that when they should have become strong, He would tell them also the rest; which thing He saith here too, "Days will come, when the bridegroom shall be taken from them, and then shall they fast."
6. Therefore neither let us require all things of all men in the beginning, but so much as is possible; and soon shall we have made our way to the rest. But if thou art urgent and in haste, for this very cause I bid thee urge not, because thou art in haste. And if the saying seem to thee a riddle, learn it from the very nature of the things, and then wilt thou see the whole force thereof.
And let none move thee of those who find fault unseasonably; since here too the censurers were Pharisees, and the reproached, disciples; nevertheless, none of these things persuaded Christ to reverse His judgment, neither did He say, "it is a shame for these to fast, and for those not to fast." But as the perfect pilot heeds not the troubled waves, but his own art; so at that time did Christ. For in truth it was a shame, not that they should forbear fasting, but that on account of the fast they should be wounded in vital points, and be cut off, and broken away.
These things then let us also bear in mind, and treat accordingly all those that belong to us. Yea, if thou have a wife fond of dress, gaping and eager after modes of painting the face, and dissolved in great luxury, and talkative, and foolish (although it is not of course possible that all these should concur in one woman; however let us frame in our discourse a woman of that sort).
"Why then is it," some one may say, "that thou fashionest a woman, and not a man?" There are men too worse than this woman. But forasmuch as the authority is intrusted to men, we accordingly are framing a woman, for the present, not as though vice more abounded in them. For there are many things to be found in men also, which are not amongst women; as for instance man-slaying, breaking open of tombs, fighting with wild beasts, and many such like things. Think not therefore that we do this as undervaluing the sex; it is not, it is not this, but thus it was convenient at present to sketch out the picture.
Let us then suppose such a woman, and let her husband endeavor in every way to reform her. How then shall he reform her? Not by enjoining all at once, but the easier things first, and in matters by which she is not vehemently possessed. For if thou hasten to reform her entirely at the beginning, thou hast ruined all. Do not accordingly take off her golden ornaments at once, but let her have them, and wear them for a time, for this seems a less evil than her paintings and shadings. Let these therefore be first taken away, and not even these by fear and threatening, but by persuasion and mildness, and by blaming of others, and by your own opinion and judgment. And tell her continually, that to thee a countenance so decked up is not lovely, but rather in a high degree unpleasing, and persuade her above all things that this vexes thee. And after thine own suffrage, bring in also the judgment expressed by others, and say that even beautiful women are wont to be disfigured by this; that thou mayest root out the passion. And say nothing yet of hell, or of the kingdom, for thou wilt talk of these things in vain: but persuade her that she pleases thee more by displaying the work of God undisguised; but she who tortures, and strains, and daubs her countenance, doth not even to people in general appear fair and beautiful. And first by common reasonings and the suffrages of all men expel the pest, and when thou hast softened her down by these words, add also the other considerations. And though thou shouldest speak once and not persuade her, do not grow weary of pouring in ú the same words, a second and a third time and often; not however in a wearisome kind of way, but sportively, and do thou now turn from her, now flatter and court her.
Seest thou not the painters, how much they rub out, how much they insert, when they are making a beautiful portrait? Well then, do not thou prove inferior to these. For if these, in drawing the likeness of a body, used such great diligence, how much more were it meet for us, in fashioning a soul, to use every contrivance. For if thou shouldest fashion well the form of this soul, thou wilt not see the countenance of the body looking unseemly, nor lips stained, nor a mouth like a bear's mouth dyed with blood, nor eyebrows blackened as with the smut of some kitchen vessel, nor cheeks whitened with dust like the walls of the tombs. For all these things are smut, and cinders, and dust, and signals of extreme deformity.
But stay: I have been led on unobserving, I know not how, into these expressions; and while admonishing another to teach with gentleness, I have been myself hurried away45 into wrath. Let us return therefore again unto the more gentle way of admonition, and let us bear with all the faults of our wives, that we may succeed in doing what we would. Seest thou not how we bear with the cries of children, when we would wean them from the breast, how we endure all for this object only, that we may persuade them to despise their former food? Thus let us do in this case also, let us bear with all the rest, that we may accomplish this. For when this hath been amended, thou wilt see the other too proceeding in due order, and thou wilt come again unto the ornaments of gold, and in the same way wilt reason concerning them likewise, and thus by little and little bringing thy wife unto the right rule, thou wilt be a beautiful painter, a faithful servant, an excellent husbandman.
Together with these things remind her also of the women of old, of Sarah, of Rebecca, both of the fair and of them that were not so, and point out how all equally practised modesty. For even Leah, the wife of the patriarch, not being fair, was not constrained to devise any such thing, but although she were uncomely, and not very much beloved by her husband, she neither devised any such thing, nor marred her countenance, but continued to preserve the lineaments thereof undisfigured, and this though brought up by Gentiles.46
But thou that art a believing woman, thou that hast Christ for thine head, art thou bringing in upon us a satanic art? And dust thou not call to mind the water that dashed over thy countenance, the sacrifice that adorns thy lips, the blood that hath reddened thy tongue? For if thou wouldest consider all these things, though thou wert fond of dress to the ten thousandth degree, thou wilt not venture nor endure to put upon thee that dust and those cinders. Learn that thou hast been joined unto Christ, and refrain from this unseemliness. For neither is He delighted with these colorings, but He seeks after another beauty, of which He is in an exceeding degree a lover, I mean, that in the soul. This the prophet likewise hath charged thee to cherish, and hath said, "So shall the King have pleasure in thy beauty."47
Let us not therefore be curious in making ourselves unseemly. For neither is any one of God's works imperfect, nor doth it need to be set right by thee. For not even if to an image of the emperor, after it was set up, any one were to seek to add his own work, would the attempt be safe, but he will incur extreme danger. Well then, man works and thou addest not; but doth God work, and dust thou amend it? And dust thou not consider the fire of hell? Dust thou not consider the destitution of thy soul? For on this account it is neglected, because all thy care is wasted on the flesh.
But why do I speak of the soul? For to the very flesh everything falls out contrary to what ye have sought. Consider it. Dust thou wish to appear beautiful? This shows thee uncomely. Dust thou wish to please thy husband? This rather grieves him; and causes not him only, but strangers also, to become thine accusers. Wouldest thou appear young? This will quickly bring thee to old age. Wouldest thou wish to array thyself honorably? This makes thee to be ashamed. For such an one is ashamed not only before those of her own rank, but even those of her maids who are in her secret, and those of her servants who know; and, above all, before herself.
But why need I say these things? For that which is more grievous than all I have now omitted, namely, that thou dust offend God; thou underminest modesty, kindlest the flame of jealousy, emulalest the harlot women at their brothel.
All these things then consider, ye women, and laugh to scorn the pomp of Satan and the craft of the devil; and letting go this adorning, or rather disfiguring, cultivate that beauty in your own souls which is lovely even to angels and desired of God, and delightful to your husbands; that ye may attain both attain, by the grace and love towards man of unto present glory, and unto that which is to our Lord Jesus Christ, to whom be glory and come. To which God grant that we may all might forever and ever. Amen.
EXPLANATION BY SAINT JOHN CHRYSOSTOM
http://mwww.newadvent.org/fathers/200130.htm
Homily 30 on Matthew
Matt. IX. 9.
And as Jesus passed forth from thence, He saw a man sitting at the receipt of custom, named Matthew; and He says unto him, Follow me.
For when He had performed the miracle, He did not remain, lest, being in sight, He should kindle their jealousy the more; but He indulges them by retiring, and soothing their passion. This then let us also do, not encountering them that are plotting against us; let us rather soothe their wound, giving way and relaxing their vehemence.
But wherefore did He not call him together with Peter and John and the rest? As in their case He had come at that time, when He knew the men would obey Him; so Matthew also He then called when He was assured he would yield himself. And therefore Paul again He took, as a fisher his prey, after the resurrection. Because He who is acquainted with the hearts, and knows the secrets of each man's mind, knew also when each of these would obey. Therefore not at the beginning did He call him, when he was yet in rather a hardened state, but after His countless miracles, and the great fame concerning Him, when He knew him to have actually become more prepared for obedience.
And we have cause also to admire the self-denial of the evangelist, how he disguises not his own former life, but adds even his name, when the others had concealed him under another appellation.
But why did he say he was sitting at the receipt of custom? To indicate the power of Him that called him, that it was not when he had left off or forsaken this wicked trade, but from the midst of the evils He drew him up; much as He converted the blessed Paul also when frantic and raging, and darting fire; which thing he himself makes a proof of the power of Him that called him, saying to the Galatians, You have heard of my conversation in time past in the Jews' religion, how that beyond measure I persecuted the church of God. Galatians 1:13 And the fishermen too He called when they were in the midst of their business. But that was a craft not indeed in bad report, but of men rather rudely bred, not mingling with others, and endowed with great simplicity; whereas the pursuit now in question was one full of all insolence and boldness, and a mode of gain whereof no fair account could be given, a shameless traffic, a robbery under cloak of law: yet nevertheless He who uttered the call was ashamed of none of these things.
And why talk I of His not being ashamed of a publican? Since even with regard to a harlot woman, so far from being ashamed to call her, He actually permitted her to kiss His feet, and to moisten them with her tears. Luke 7:38 Yea, for to this end He came, not to cure bodies only, but to heal likewise the wickedness of the soul. Which He did also in the case of the paralytic; and having shown clearly that He is able to forgive sins, then, not before, He comes to him whom we are now speaking of; that they might no more be troubled at seeing a publican chosen into the choir of the disciples. For He that has power to undo all our offenses, why marvel if He even make this man an apostle?
But as you have seen the power of Him that called, so consider also the obedience of him that was called: how he neither resisted, nor disputing said, What is this? Is it not indeed a deceitful calling, wherewith He calls me, being such as I am? nay; for this humility again had been out of season: but he obeyed straightway, and did not even request to go home, and to communicate with his relations concerning this matter; as neither indeed did the fishermen; but as they left their net and their ship and their father, so did he his receipt of custom and his gain, and followed, exhibiting a mind prepared for all things; and breaking himself at once away from all worldly things, by his complete obedience he bore witness that He who called him had chosen a good time.
And wherefore can it be, one may say, that he has not told us of the others also, how and in what manner they were called; but only of Peter and James, and John and Philip, and nowhere of the others?
Because these more than others were in so strange and mean ways of life. For there is nothing either worse than the publican's business, or more ordinary than fishing. And that Philip also was among the very ignoble, is manifest from his country. Therefore these especially they proclaim to us, with their ways of life, to show that we ought to believe them in the glorious parts of their histories also. For they who choose not to pass by any of the things which are accounted reproachful, but are exact in publishing these more than the rest, whether they relate to the Teacher or to the disciples; how can they be suspected in the parts which claim reverence? More especially since many signs and miracles are passed over by them, while the events of the cross, accounted to be reproaches, they utter with exact care and loudly; and the disciples' pursuits too, and their faults, and those of their Master's ancestry who were notorious for sins, Matthew 3:6 they discover with a clear voice. Whence it is manifest that they made much account of truth, and wrote nothing for favor, nor for display.
2. Having therefore called him, He also honored him with a very great honor by partaking straightway of his table; for in this way He would both give him good hope for the future, and lead him on to a greater confidence. For not in a long time, but at once, He healed his vice. And not with him only does He sit down to meat, but with many others also; although this very thing was accounted a charge against Him, that He chased not away the sinners. But neither do they conceal this point, what sort of blame is endeavored to be fixed on His proceedings.
Now the publicans come together as to one of the same trade; for he, exulting in the entrance of Christ, had called them all together. The fact is, Christ used to try every kind of treatment; and not when discoursing only, nor when healing, nor when reproving His enemies, but even at His morning meal, He would often correct such as were in a bad way; hereby teaching us, that every season and every work may by possibility afford us profit. And yet surely what was then set before them came of injustice and covetousness; but Christ refused not to partake of it, because the ensuing gain was to be great: yea rather He becomes partaker of the same roof and table with them that have committed such offenses. For such is the quality of a physician; unless he endure the corruption of the sick, he frees them not from their infirmity.
And yet undoubtedly He incurred hence an evil report: first by eating with him, then in Matthew's house, and thirdly, in company with many publicans. See at least how they reproach Him with this. Behold a man gluttonous, and a wine-bibber, a friend of publicans and sinners. Matthew 11:19
Let them hear, as many as are striving to deck themselves with great honor for fasting, and let them consider that our Lord was called a man gluttonous and a winebibber, and He was not ashamed, but overlooked all these things, that he might accomplish what He had set before him; which indeed was accordingly done. For the publican was actually converted, and thus became a better man.
And to teach you that this great thing was wrought by his partaking of the table with Him, hear what Zacchæus says, another publican. I mean, when he heard Christ saying, Today, I must abide in your house, the delight gave him wings, and he says, The half of my goods I give to the poor, and if I have taken anything from any man by false accusation, I restore him fourfold. And to him Jesus says, This day is salvation come to this house. So possible is it by all ways to give instruction.
But how is it, one may say, that Paul commands, If any man that is called a brother be a fornicator or covetous, with such an one no, not to eat? 1 Corinthians 5:11 In the first place, it is not as yet manifest, whether to teachers also he gives this charge, and not rather to brethren only. Next, these were not yet of the number of the perfect, nor of those who had become brethren. And besides, Paul commands, even with respect to them that had become brethren, then to shrink from them, when they continue as they were, but these had now ceased, and were converted.
3. But none of these things shamed the Pharisees, but they accuse Him to His disciples, saying,
Why eats your Master with publicans and sinners? Matthew 9:11
And when the disciples seem to be doing wrong, they intercede with Him, saying, Behold your disciples do that which is not lawful to do on the sabbath-day; Matthew 12:2 but here to them they discredit Him. All which was the part of men dealing craftily, and wishing to separate from the Master the choir of the disciples. What then says Infinite Wisdom?
They that be whole need not a physician, says He, but they that are sick.
See how He turned their reasoning to the opposite conclusion. That is, while they made it a charge against Him that He was in company with these men: He on the contrary says, that His not being with them would be unworthy of Him, and of His love of man; and that to amend such persons is not only blameless, but excellent, and necessary, and deserving of all sorts of praise.
After this, that He might not seem to put them that were bidden to shame, by saying, they that are sick; see how He makes up for it again, by reproving the others, and saying,
Go ye and learn what that means, I will have mercy, and not sacrifice. Matthew 9:13
Now this He said, to upbraid them with their ignorance of the Scriptures. Wherefore also He orders His discourse more sharply, not Himself in anger, far from it; but so as that the publicans might not be in utter perplexity.
And yet of course He might say, Did ye not mark, how I remitted the sins of the sick of the palsy, how I braced up his body? But He says no such thing, but argues with them first from men's common reasonings, and then from the Scriptures. For having said, They that be whole need not a physician, but they that are sick; and having covertly indicated that He Himself was the Physician; after that He said, Go ye and learn what that means, I will have mercy, and not sacrifice. Thus does Paul also: when he had first established his reasoning by illustrations from common things, and had said, Who feeds a flock, and eats not of the milk thereof? 1 Corinthians 9:7 then he brings in the Scriptures also, saying, It is written in the law of Moses, You shall not muzzle the ox that treads out the grain; and again, Even so has the Lord ordained, that they which preach the gospel should live of the gospel.
But to His disciples not so, but He puts them in mind of His signs, saying on this wise, Do ye not yet remember the five loaves of the five thousand, and how many baskets ye took up? Matthew 16:9 Not so however with these, but He reminds them of our common infirmity, and signifies them at any rate to be of the number of the infirm; who did not so much as know the Scriptures, but making light of the rest of virtue, laid all the stress on their sacrifices; which thing He is also earnestly intimating unto them, when He sets down in brief what had been affirmed by all the prophets, saying, Learn ye what that means, I will have mercy, and not sacrifice.
The fact is, He is signifying hereby that not He was transgressing the law, but they; as if He had said, Wherefore accuse me? Because I bring sinners to amendment? Why then ye must accuse the Father also for this. Much as He said also elsewhere, establishing this point: My Father works hitherto, and I work: John 5:17 so here again, Go ye and learn what that means, I will have mercy, and not sacrifice. For as this is His will, says Christ, so also mine. Do you see how the one is superfluous, the other necessary? For neither did He say, I will have mercy, and sacrifice, but, I will have mercy, and not sacrifice. That is, the one thing He allowed, the other He cast out; and proved that what they blamed, so far from being forbidden, was even ordained by the law, and more so than sacrifice; and He brings in the Old Testament, speaking words and ordaining laws in harmony with Himself.
Having then reproved them, both by common illustrations and by the Scriptures, He adds again,
I am not come to call righteous men, but sinners to repentance.
And this He says unto them in irony; as when He said, Behold, Adam has become as one of us; and again, If I were hungry, I would not tell you. For that no man on earth was righteous, Paul declared, saying, For all have sinned, and come short of the glory of God. Romans 3:23 And by this too the others were comforted, I mean, the guests. Why, I am so far, says He, from loathing sinners, that even for their sakes only am I come. Then, lest He should make them more careless, He staid not at the word sinners, but added, unto repentance. For I am not come that they should continue sinners, but that they should alter, and amend.
4. He then having stopped their mouths every way, as well from the Scriptures as from the natural consequence of things; and they having nothing to say, proved as they were obnoxious to the charges which they had brought against Him, and adversaries of the law and the Old Testament; they leave Him, and again transfer their accusation to the disciples.
And Luke indeed affirms that the Pharisees said it, but this evangelist, that it was the disciples of John; but it is likely that both said it. That is, they being, as might be expected, in utter perplexity, take the other sort with them; as they did afterwards with the Herodians likewise. Since in truth John's disciples were always disposed to be jealous of Him, and reasoned against Him: being then only humbled, when first John abode in the prison. They came at least then, and told Jesus; but afterwards they returned to their former envy.
Now what say they? Why do we and the Pharisees fast oft, but your disciples fast not? Matthew 9:14
This is the disease, which Christ long before was eradicating, in the words, When you fast, anoint your head, and wash your face; Matthew 6:17 foreknowing the evils that spring therefrom. But yet He does not rebuke even these, nor say, O you vainglorious and over-busy; but He discourses to them with all gentleness, saying, The children of the bride-chamber cannot fast, as long as the bridegroom is with them. Thus, when others were to be spoken for, the publicans I mean, to soothe their wounded soul, He was more severe in His reproof of their revilers; but when they were deriding Himself and His disciples, He makes His reply with all gentleness.
Now their meaning is like this; Granted, say they, You do this as a physician; why do Your disciples also leave fasting, and cleave to such tables? Then, to make the accusation heavier, they put themselves first, and then the Pharisees; wishing by the comparison to aggravate the charge. For indeed both we, it is said, and the Pharisees, fast oft. And in truth they did fast, the one having learned it from John, the other from the law; even as also the Pharisee said, I fast twice in the week. Luke 18:12
What then says Jesus? Can the children of the bridechamber fast, while the bridegroom is with them. Before, He called Himself a physician, but here a bridegroom; by these names revealing His unspeakable mysteries. Yet of course He might have told them, more sharply, These things depend not on you, that you should make such laws. For of what use is fasting, when the mind is full of wickedness; when you blame others, when you condemn them, bearing about beams in your eyes, and do all for display? Nay, before all this ye ought to have cast out vainglory, to be proficients in all the other duties, in charity, meekness, brotherly love. However, nothing of this kind does He say, but with all gentleness, The children of the bridechamber cannot fast, so long as the bridegroom is with them; recalling to their mind John's words, when he said, He that has the bride, is the bridegroom, but the friend of the bridegroom, which stands and hears Him, rejoices greatly because of the bridegroom's voice. John 3:29
Now His meaning is like this: The present time is of joy and gladness, therefore do not bring in the things which are melancholy. For fasting is a melancholy thing, not in its own nature, but to them that are yet in rather a feeble state; for to those at least that are willing to practise self-command, the observance is exceedingly pleasant and desirable. For as when the body is in health, the spirits are high, so when the soul is well conditioned, the pleasure is greater. But according to their previous impression He says this. So also Isaiah, discoursing of it, calls it an affliction of the soul; and Moses too in like manner.
Not however by this only does He stop their mouths, but by another topic also, saying,
Days will come, when the bridegroom shall be taken from them, and then shall they fast. Matthew 9:15
For hereby He signifies, that what they did was not of gluttony, but pertained to some marvellous dispensation. And at the same time He lays beforehand the foundation of what He was to say touching His passion, in His controversies with others instructing His disciples, and training them now to be versed in the things which are deemed sorrowful. Because for themselves already to have this said to them, would have been grievous and galling, since we know that afterwards, being uttered, it troubled them; but spoken to others, it would become rather less intolerable to them.
It being also natural for them to pride themselves on John's calamity, He from this topic represses likewise such their elation: the doctrine however of His resurrection He adds not yet, it not being yet time. For so much indeed was natural, that one supposed to be a man should die, but that other was beyond nature.
5. Then what He had done before, this He does here again. I mean, that as He, when they were attempting to prove Him blameable for eating with sinners, proved to them on the contrary, that His proceeding was not only no blame, but an absolute praise to Him: so here too, when they wanted to show of Him, that He knows not how to manage His disciples, He signifies that such language was the part of men not knowing how to manage their inferences, but finding fault at random.
For no man, says He, puts a piece of new cloth unto an old garment.
He is again establishing His argument by illustrations from common life. And what He says is like this, The disciples have not yet become strong, but still need much condescension. They have not yet been renewed by the Spirit, and on persons in that state one ought not to lay any burden of injunctions.
And these things He said, setting laws and rules for His own disciples, that when they should have to receive as disciples those of all sorts that should come from the whole world, they might deal with them very gently.
Neither do men put new wine into old bottles.
Do you see His illustrations, how like the Old Testament? The garment? The wine skins? For Jeremiah too calls the people a girdle, and makes mention again of bottles and of wine. Jeremiah 13:10-12 Thus, the discourse being about gluttony and a table, He takes His illustrations from the same.
But Luke the same words, a second and a third time and often; not however in a wearisome kind of way, but sport ively, and do thou now turn from her, now flatter and court her.
Do you see not the painters, how much they rub out, how much they insert, when they are making a beautiful portrait? Well then, do not thou prove inferior to these. For if these, in drawing the likeness of a body, used such great diligence, how much more were it meet for us, in fashioning a soul, to use every contrivance. For if you should fashion well the form of this soul, you will not see the countenance of the body looking unseemly, nor lips stained, nor a mouth like a bear's mouth dyed with blood, nor eyebrows blackened as with the smut of some kitchen vessel, nor cheeks whitened with dust like the walls of the tombs. For all these things are smut, and cinders, and dust, and signals of extreme deformity.
But stay: I have been led on unobserving, I know not how, into these expressions; and while admonishing another to teach with gentleness, I have been myself hurried away into wrath. Let us return therefore again unto the more gentle way of admonition, and let us bear with all the faults of our wives, that we may succeed in doing what we would. Do you see not how we bear with the cries of children, when we would wean them from the breast, how we endure all for this object only, that we may persuade them to despise their former food? Thus let us do in this case also, let us bear with all the rest, that we may accomplish this. For when this has been amended, you will see the other too proceeding in due order, and you will come again unto the ornaments of gold, and in the same way wilt reason concerning them likewise, and thus little by little bringing your wife unto the right rule, you will be a beautiful painter, a faithful servant, an excellent husbandman.
Together with these things remind her also of the women of old, of Sarah, of Rebecca, both of the fair and of them that were not so, and point out how all equally practised modesty. For even Leah, the wife of the patriarch, not being fair, was not constrained to devise any such thing, but although she were uncomely, and not very much beloved by her husband, she neither devised any such thing, nor marred her countenance, but continued to preserve the lineaments thereof undisfigured, and this though brought up by Gentiles.
But thou that art a believing woman, you that hast Christ for your head, are you bringing in upon us a satanic art? And do you not call to mind the water that dashed over your countenance, the sacrifice that adorns your lips, the blood that has reddened your tongue? For if you would consider all these things, though thou were fond of dress to the ten thousandth degree, you will not venture nor endure to put upon you that dust and those cinders. Learn that you have been joined unto Christ, and refrain from this unseemliness. For neither is He delighted with these colorings, but He seeks after another beauty, of which He is in an exceeding degree a lover, I mean, that in the soul. This the prophet likewise has charged you to cherish, and has said, So shall the King have pleasure in your beauty.
Let us not therefore be curious in making ourselves unseemly. For neither is any one of God's works imperfect, nor does it need to be set right by you. For not even if to an image of the emperor, after it was set up, any one were to seek to add his own work, would the attempt be safe, but he will incur extreme danger. Well then, man works and you add not; but does God work, and do you amend it? And do you not consider the fire of hell? Do you not consider the destitution of your soul? For on this account it is neglected, because all your care is wasted on the flesh.
But why do I speak of the soul? For to the very flesh everything falls out contrary to what you have sought. Consider it. Do you wish to appear beautiful? This shows you uncomely. Do you wish to please your husband? This rather grieves him; and causes not him only, but strangers also, to become your accusers. Would you appear young? This will quickly bring you to old age. Would you wish to array yourself honorably? This makes you to be ashamed. For such an one is ashamed not only before those of her own rank, but even those of her maids who are in her secret, and those of her servants who know; and, above all, before herself.
But why need I say these things? For that which is more grievous than all I have now omitted, namely, that you dost offend God; you undermine modesty, kindlest the flame of jealousy, emulatest the harlot women at their brothel.
All these things then consider, you women, and laugh to scorn the pomp of Satan and the craft of the devil; and letting go this adorning, or rather disfiguring, cultivate that beauty in your own souls which is lovely even to angels and desired of God, and delightful to your husbands; that you may attain both unto present glory, and unto that which is to come. To which God grant that we may all attain, by the grace and love towards man of our Lord Jesus Christ, to whom be glory and might forever and ever. Amen.
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Source. Translated by George Prevost and revised by M.B. Riddle. From Nicene and Post-Nicene Fathers, First Series, Vol. 10. Edited by Philip Schaff. (Buffalo, NY: Christian Literature Publishing Co., 1888.) Revised and edited for New Advent by Kevin Knight.
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• The Departure of Abba Demetrius I, 12th Pope of Alexandria.• The Martyrdom of St. Matthew the Evangelist.• The Commemoration of the Archangel Michael.
1. The Departure of Abba Demetrius I, 12th Pope of Alexandria.
On this day of the year 224 A.D., the pure and celibate father, the fighter of lusts, and the vanquisher of nature, Abba Demetrius I, 12th Pope of Alexandria, departed. This saint was an illiterate farmer, and was married. He lived with his wife 47 years until he was chosen a Patriarch. They did not know one another as married people, but remained throughout that period in their virginity and chastity, a fact which no one knew.
When the departure of St. Yulianus, 11th Pope, drew near, the angel of the Lord appeared to St. Yulianus in a vision and told him about this saint and that he was to be the Patriarch after him. He gave him a sign saying, "Tomorrow a man shall come to you having a cluster of grapes, seize him and pray over him." Then he woke from his sleep, he told the bishops and the priests who were with him about this vision.
So it happened on the next day that St. Demetrius found a cluster of grapes that was out of season. He carried it to St. Yulianus, to receive his blessing. The father, the Patriarch, took him by the hand and told those who were present, "This is your Patriarch who will be after me." Then he prayed over him; they held him and kept him until the departure of Abba Yulianus, whereupon they finished the prayers of ordination over him and he was filled with heavenly grace. The Lord enlightened his mind and he learned reading and writing. He studied the church books and their interpretations. Words of grace flew from his mouth when he preached.
He established the reckoning of the Epacts, by which the dates of fasting were determined on a fixed basis. Christians used to fast the holy 40 days, Lent, right after the feast of Epiphany, as the Lord Christ fasted after His baptism. Then they fasted the Passion week separately, celebrating the Christian Passover on the Sunday that followed the Jewish Passover.
Some of the Christians used to celebrate Easter on the fourteenth of Neesan (April) and that meant they celebrated with the Jews, not recognizing that the Christian Passover was to be in memory of the Resurrection of the Lord Christ which was after the Mosaic Passover. For that reason, Pope Demetrius took interest in establishing a fixed bases for fasts and Christian holy days. He appended the Holy Fast to the Passion Week.
Pope Demetrius wrote in this respect to Agabius, Bishop of Jerusalem; to Maximus, Patriarch of Antioch; to the Patriarch of Rome and to others. All approved of it and continued to follow his rules up until the present. The Church of Rome deviated from that and followed, since the 16th century, the Gregorian Calendar. To the Popes of the Coptic Church was the prime credit in determining Easter Day; and they thus sent their Easter messages all over the world, so that the Christians would celebrate Easter on the same day forming a universal joy.
God was with Abba Demetrius because of his purity. God granted him a gift that after he finished the Liturgy and the people came forward to partake of the Holy Mysteries, he used to see the Lord Christ pushing forward with His Hand those who were worthy. But if one came forward who was not worthy of partaking of the Holy Communion, the Lord would reveal to the Pope his sins and the Pope would not allow him to partake of it until he confessed his sins. The Pope would admonish him for them and would say to him, "Turn away from your sin and repent, after that come and partake of the Holy Mysteries." His flocks conduct was straightened during his time.
Because he rebuked the sinners much, and urged them on repentance and purity, some of them murmured and said, "This man is married, how can he rebuke us?" The Lord Almighty wished to reveal to them his virtues, so the angel of the Lord came to him at night and told him, "O Demetrius, do not seek your salvation and let others be destroyed with their doubt." The father asked him to clarify his statement and the angel told him, "You must reveal the mystery which is between yourself and your wife to the people that you might remove the doubt from them." On the following morning, after he had celebrated the Divine Liturgy, he ordered the people not to leave the church. He took red-hot coal and placed it in his wife's shawl and his pallium, then they went around in the church and their clothes did not burn. The people were amazed at this miracle. He told them that he and his wife did not know each other as married people. The doubt was removed from the people and they realized the purity of this father and his virginity. During his time, some opposing men appeared whose names were Aklemos, Origen, and Orianus and others who wrote forbidden books, so he excommunicated them.
During the days of his papacy, he did not stop teaching and confirming the believers in the Orthodox Faith. When he had grown old and became weak, they carried him on a litter to the church to teach the people. He was 15 years old, having spent 15 years unmarried, 47 years until he became Patriarch and 43 years in office, then departed in peace.
The blessings of his prayers be with us. Amen.
2. The Martyrdom of St. Matthew the Evangelist.
On this day also, St. Matthew the Evangelist, was martyred. He was one of the Twelve Disciples and his name was Levi. He was the one sitting at the receipt of custom outside the city of Capernaum, when the Lord Christ said to him, "Follow Me." He left all, rose up, and followed Him. He made for the Lord Christ a great feast in his own house. That made the Pharisees murmur against Him saying to His disciples, "Why do your teacher eat and drink with tax collectors and sinners?" Jesus answered and said to them, "Those who are well do not need a physician, but those who are sick. I have not come to call the righteous, but sinners to repentance." (Luke 5:27-32)
He preached in the land of Palestine and Tyre and Sidon. Then he went to Ethiopia. He entered the city of priests and converted them to the knowledge of God. When he wished to enter the city, he met a young man who told him, "You will not be able to go in unless you shave off the hair of your head and carry palm branches in your hand." He did as the young man told him. And, as he was thinking about that, the Lord Christ appeared to him in the form of the young man who had met him earlier, and after He encouraged and comforted him, disappeared. He realized that this young man was the Lord of Glory Himself.
He then entered the city as one of its priests. He went to the temple of Apollo and found the high priest, and talked with him concerning the idols that they were worshipping. He explained to him how those idols did not hear or sense anything and how the true Mighty Lord is He who created the Heaven and Earth. The Lord made through him a wonder: a table came down to them from Heaven and a great light shone around them. When Hermes the priest saw this wonder, he asked him, "What is the name of your God?" The apostle replied, "My God is the Lord Christ." Hermes, the priest, believed in Christ and many people followed him.
When the Governor of the city knew that, he ordered them burned. It happened at that time that the son of the Governor died. St. Matthew the Apostle prayed and made supplications to God to raise the son and the Lord answered him and raised the child from death. When the Governor saw that, he and the rest of the people of the city believed. St. Matthew baptized them and ordained a bishop and priests, and built a church for them.
After he had preached in other countries, he went back to Jerusalem. Some of the Jews which had been preached to, and had believed and been baptized by him, asked him to write down what he had preached to them. He wrote the beginning of the Gospel attributed to him in the Hebrew language but he did not complete it. It was said that he finished it during his preaching in India, in the first year of the reign of Claudius and the ninth year of the Ascension. His martyrdom was consummated by stoning by the hands of Justus the Governor, and his body was buried in Carthage of Caesarea by some believers, in a holy place.
His prayers be with us. Amen.
3. The Commemoration of the Archangel Michael.
On the twelfth day of each Coptic month we celebrate, commemorating the honorable Michael the Archangel, the head of the Heavenly Hosts, who stands at all times before the throne of the Divine Majesty on behalf of the human race.
His intercession be for us and Glory be to our God, forever. Amen.
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